En France, la résurgence de l’antisémitisme est une évidence. Pourtant un trop grand nombre de personnes continuent de ne pas voir cette réalité. Le retour, ou la réaffirmation des préjugés haineux en général et de l’antisémitisme en particulier est l’une des manifestations les plus saillantes de la crise que traversent nos démocraties. Obsession à la fois caractéristique et constitutive de l’extrême droite, l’antisémitisme ne s’y limite pas cependant. Les chemins de l’antisémitisme sont pluriels. Les années 2000 ont été marquées par l’affirmation d’un « nouvel antisémitisme », au sein d’une partie de la communauté immigrée et de culture musulmane.

L’observation, la mesure et l’étude de ces préjugés sont donc redevenus nécessaires. Le but de cette étude est de comprendre comment celui qui se dit musulman ou de culture musulmane construit sa perception des juifs. Il nous est apparu nécessaire d’étudier, à travers une série d’entretiens qualitatifs réalisés par l’IFOP, les systèmes de représentation qui mènent ou, pour le moins, qui se combinent à l’expression de préjugés antisémites.

Cette enquête a été menée en partenariat avec AJC (American Jewish Committee).

Trois auteurs ont commenté les verbatims de cette enquête : Medhi Ghouirgate, maître de conférences Université Bordeaux-Montaigne études orientales et extrêmes-orientales, Iannis Roder, professeur d’Histoire-Géographie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et formateur des enseignants au Mémorial de la Shoah et Dominique Schnapper, sociologue, membre honoraire du Conseil constitutionnel et présidente du musée d’art et d’histoire du judaïsme et de l’Institut d’études avancées de Paris.

Elle est préfacée par Dominique Reynié, Directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, et Simone Rodan-Benzaquen, Directrice de l’AJC Paris/Europe.

Les conclusions de l’étude

Conclusion Nous sommes en mesure d’établir une ébauche et non pas un tableau exhaustif d’une situation donnée portant sur les rapports qu’entretiendraient les musulmans de France vis-à-vis des juifs et de l’antisémitisme. Il apparaît que le conflit israélopalestinien est le catalyseur d’une nouvelle forme d’antisémitisme qui reprend parfois à son compte les anciens poncifs de l’antisémitisme tel qu’il est apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle : amour de l’argent, liens consubstantiels établis entre juifs, médias et le pouvoir, théories qui ont parfois transité depuis les pays d’origine des personnes interrogées, comme c’est le cas de l’Algérie et de son antisémitisme institutionnalisé depuis les années 1960. Dans ce cadre, il faut remarquer que la Toile et le flot de boue conspirationniste qu’elle charrie est au cœur de la production et de la diffusion des catégories de perception des jeunes, souvent d’origines immigrées. À l’évidence, dans les propos tenus transparaissent nombre de thèses conspirationnistes qui font florès sur les réseaux sociaux. À travers la virulence des prises de position, on peut y entrapercevoir un mouvement de fond : certains jeunes se définissent désormais comme musulmans et non plus comme Marocains, Algériens, etc. Ils cherchent ainsi à donner vie, cohérence et consistance à une communauté musulmane qui n’est pour l’heure qu’une vue de l’esprit, une fiction. À ce titre, la prise de position contre Israël ou encore l’hostilité déclarée aux « juifs » constituent, entre autres, des marqueurs d’une identité musulmane en devenir. Il convient, néanmoins, de nuancer le tableau esquissé à grands traits. En effet, bon nombre de musulmans se montrent indifférents ou éprouvent une sympathie réelle pour les personnes d’origines juives rencontrées. Les préjugés véhiculés par les musulmans eux-mêmes peuvent également, le cas échéant, servir par effet miroir à renvoyer les musulmans à leur incapacité chronique à sortir de leurs conditions de prolétaires, souvent précarisés. De plus, les divisions initiales liées à l’appartenance à des États-nations différents, à des « ethnies » différentes (par exemple, kurdes et berbères pour l’essentiel, lesquelles sont ellesmêmes divisées entre kabyles, rifaines, soussis, etc.), ou encore entre laïcs et religieux, ou bien encore entre religieux traditionnels (sunnites de rite malikite dans leur immense majorité) et néoreligieux largement influencés par le wahhabisme restent de mises. Les conditions actuelles ne permettent donc pas d’entrevoir une évolution positive à plus ou moins long terme.

Etude complète disponible en cliquant sur ce lien 

AJC

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2 Commentaires
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BENJAMIN

La France a mis du temps à exorciser ses compromissions ses lachetés ses crimes , du régime de Vichy .

Confrontée à une réalité  » d’ Etat de Siege »
la meilleure preuve est la demande de Macron de reconduire pour la 6 eme fois Les mesures d’exception pour 6 mois supplémentaires !, tout est fait pour réduire et meme censurer tout événement qui remet gravement en question la Securite des biens et des personnes …..

La censure n’est pas légitime en démocratie sauf en remis de Guerre .

De deux chose l’une ou nous sommes en Guerre , donc on censure à tout va , alors on faut le dire haut et fort .

Ou nous ne sommes plus en démocratie mais dans une forme de république bananière comme il y en a beaucoup en Afrique et dans le tiers monde et que la liberté est de plus en’ plus rare dans notre pays et cela doit nous inquiéter pour l’avenir

Marc

C’est quoi ce délire absurde? On se sent « censuré »? On manque de « liberté » à cause de l’état d’urgence? Pauvre chérie…