L'avocat Gilles-William Goldnadel. Photo © DR
Au lendemain des succès du Brexit et de Donald Trump, les journaux de la presse convenue, et qui seule se croit convenable, convenaient que la défaite de ce qu’ils avaient espéré, soutenu et prophétisé était avant tout la leur.

L’auteur de ces lignes avait écrit dans le Figaro pour résumer le phénomène “que les électeurs avaient voulu donner une leçon aux donneurs de leçons”.

Un temps même, on aurait pu croire que ces donneurs médiatiques de leçons, avait retenu la dernière, puisque le New York Times, maître en la matière, s’était engagé à désormais s’attacher aux faits plutôt qu’à l’idéologie.

Promesse de gascon, puisque le président élu n’avait pas encore prêté serment, que le journal de la côte est oubliait cette leçon pour à nouveau guerroyer contre le symbole même de sa détestation.

Curieusement, les journalistes n’ont pas eu la curiosité consubstantielle à leur métier d’enquêter sur les raisons de leur mauvaise presse.

Pour leur faire gagner du temps, je leur murmure à l’oreille que le public est las de leur prêchi-prêcha confortable et courroucé devant leur appétence à minimiser les faits qui les dérangent. Raison pourquoi il se tourne désormais vers la presse électronique parallèle pour le meilleur ou encore pour le pire.

Ayant oublié ses bonnes résolutions prises sous le coup de l’émotion, la presse convenue a préféré faire comme ce malade qui casse son thermomètre pour faire tomber la fièvre.

C’est ainsi qu’elle a d’abord hurlé contre la fâcheuse sphère qu’elle abomine davantage, allez savoir pourquoi, que la gauchosphère ou la sphère islamiste.

Elle a ensuite décrété qu’il n’y avait uniquement que sur les sites électroniques des mensonges, des fadaises ou des coquecigrues : des fakes pour ceux qui ne parlent pas le français ou des post vérités pour les modernes.

C’est dans ce contexte critique très idéologique autant que nostalgique d’une belle époque où les malheureux n’avaient pas d’autre alternative que leur presse de papier en nombre limité, que  Le Monde a décidé de créer la rubrique Décodex destinée à trier le convenable et l’inconvenant comme le bon grain et l’ivraie.

J’envie ces Décodeurs et leur belle assurance. Moi, avocat, il ne me viendrait pas à l’idée de publier un guide de mes bons et mauvais confrères. J’ai beau m’essayer à l’honnêteté et à l’objectivité, je reste engagé, à l’instar d’un employé d’un journal de gauche. Je ne me vois pas noter -ou en l’espèce estampiller d’une pastille colorée- l’un de mes confrères et concurrents. J’ai beau ne pas souffrir d’excessive modestie, je n’ai pas l’arrogance nécessaire.

Où donc me classer parmi mes pairs et mes compères ?

Et quelle couleur de pastille pour un journal qui annonçait hier que la foule de Phnom-Penh était en liesse pour accueillir les Khmers rouges et aujourd’hui qui présente Marwan Mohamed, le responsable  du CCIF  proche des Frères Musulmans, comme le “porte-parole des musulmans de France” ?

Ayant noté au surplus la bonne place dans la rubrique de l’Humanité et la moins bonne de Valeurs, j’ai pointé que Décodex rimait avec Index.

Il est vrai que notre journal est critique et ironique pour la presse convenue et ses déconvenues. Pour aggraver son cas, je rappellerai qu’il a assuré fièrement la semaine dernière la promotion de la pétition pour le pluralisme et la neutralité du service public audiovisuel présentée par le Collectif de ses usagers sur change.org.

C’est un honneur parfois d’être estampillé d’une méchante couleur.

Gilles-William Goldnadel

Source : Valeurs Actuelles

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