Analyse/Conflit israélo-palestinien: l’optimisme est-il permis ?

Il y a deux camps chez les Palestiniens: celui de la détente et celui de l’escalade, qui l’emportera ?

Le 17 avril dernier, la Journée des prisonniers a été commémorée dans les territoires palestiniens. Il y a actuellement 6000 prisonniers de sécurité dans les prisons israéliennes et le sujet préoccupe beaucoup le public en Cisjordanie et à Gaza.

Comme chaque année, la Journée des prisonniers est l’occasion de manifestations, de sit-ins dans les bureaux de la Croix-Rouge internationale et de nombreux rassemblements populaires.

Mais un titre du quotidien al-Quds a davantage attiré l’attention que les autres cette année.

On pouvait y lire que le ministre palestinien en charge des Affaires des prisonniers, Issa Karaka, avait déclaré que les détenus allaient bientôt être libérés et son prédécesseur, Fares Qadura, a également fait une déclaration optimiste similaire. S’ils disent vrai, il s’agirait d’un développement politique majeur.

La libération d’un groupe de prisonniers, dont certains sont en prison depuis plus de 20 ans alors que d’autres ont été libérés puis de nouveau arrêtés, a fait l’objet d’un débat farouche entre le précédent gouvernement de Benyamin Netanyahou et le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas.

Des négociations secrètes pour leur libération seraient-elles menées actuellement?

Aucun détail n’a été divulgué dans les médias palestiniens jusqu’à présent.

De même que rien n’avait été publié lors des négociations entre Israël et les Palestiniens au sujet du transfert des taxes qu’Israël a gelé pendant trois mois pour ensuite accepter de les verser à condition que soient déduites du montant les dettes palestiniennes à des sociétés israéliennes, ce que l’AP a refusé.

Et soudain, la semaine dernière, à la surprise générale, le Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, a annoncé qu’un accord avait été trouvé et qu’Israël s’apprêtait à verser l’intégralité des taxes avec la création d’une commission mixte israélo-palestinienne qui débattra du montant des dettes des Palestiniens à l’égard des sociétés israéliennes et dont le montant devra être rétrocédé.

A ces deux rapports, il faut ajouter l’information, apparemment marginale, qu’au quotidien sur le terrain, les contacts constants entre les parties sont porteurs de résultats.

Les forces de sécurité israéliennes ont par exemple accepté que la police palestinienne allait se charger du maintien de l’ordre dans certaines villes sous contrôle israélien en Cisjordanie, soit à Abu Dis, al-Azaria et Al-Ram, toutes les trois situées à la lisière de Jérusalem-est.

Israël aurait également accepté de transférer de l’eau à la nouvelle ville palestinienne de Rawabi au nord de Ramallah, après l’avoir refusé pendant près de deux ans. La ville peut maintenant commencer à accueillir des résidents.

On a appris en outre que les médecins palestiniens pourront dans certains cas pénétrer en Israël avec leurs véhicules et que Jérusalem va faciliter l’entrée aux points de passage avec Gaza. Il est important d’ajouter à cela la déclaration de Mahmoud Abbas se disant prêt à entamer des négociations avec les dirigeants israéliens sans conditions préalables.

Ces signes d’une amélioration dans les relations entre Israël et les Palestiniens annoncent-ils la reprise du processus politique après la mise en place du nouveau gouvernement à Jérusalem? La réponse est qu’il est probablement trop tôt pour se réjouir.

Face à ces rapports optimistes se dresse une avalanche quotidienne de nouvelles dans les médias palestiniens faisant état des mauvaises relations et de la poursuite des hostilités entre les parties.

En ce qui concerne les prisonniers palestiniens, on note, par exemple, qu’un tribunal israélien a confirmé la décision de ne pas leur accorder la possibilité d’étudier par correspondance à l’Open University en Israël. D’autres articles font état de dizaines de prisonniers malades qui ne sont pas traités équitablement et se plaignent de la situation des responsables palestiniens détenus en Israël. Certains d’entre eux sont des députés du Hamas qui ont été mis détention administrative, c’est-à-dire sans procès.

Chaque jour, des rapports dans les médias palestiniens signalent de confiscations de terres et de l’expansion des colonies, ou encore de violents affrontements entre les soldats et les colons israéliens d’une part et les manifestants palestiniens de l’autre.

De nombreux responsables palestiniens indiquent que l’AP envisage de saisir la Cour pénale internationale de La Haye pour les « crimes de guerre » d’Israël.

À la lumière de tout cela, il est évident qu’il existe parmi le public et les dirigeants palestiniens, et peut-être en Israël aussi, deux tendances. La première recherche le calme et l’autre l’escalade.

La tendance vers la détente provient du fait que l’AP à Ramallah coopère secrètement avec Israël et ouvertement avec l’Egypte dans sa lutte récurrente contre le Hamas à Gaza. Le gouvernement de Ramallah refuse toujours de payer les salaires des fonctionnaires du Hamas à Gaza. Et ce week-end, une charge a explosé près de la résidence (vide) d’Abbas à Gaza.

A Ramallah on attend de voir la composition du nouveau gouvernement israélien. S’il y a un gouvernement d’union nationale avec l’Union sioniste, cela renforcera probablement les chances du camp de la détente. Nous saurons alors s’il y avait vraiment matière à se réjouir des nouvelles optimistes de la semaine dernière.

Danny Rubinstein est conférencier sur les questions arabes à l’Université Ben Gourion de Beersheva ainsi qu’à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il est également spécialiste des questions économiques palestiniennes et tient une chronique dans le journal israélien “Calcalist”.

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