Il est difficile de trouver un membre du Likoud qui possède autant d’expérience et de compréhension des questions de sécurité que le député Avi Dichter. Son CV est impressionnant: Il a servi pendant des années dans l’unité d’élite Sayeret Matkal, une unité au service de l’agence de sécurité du Shin Bet et a continué à diriger l’agence de 2000 à 2005, puis il a servi comme ministre de la Sécurité publique et ministre  de la défense intérieure,  mais le Premier ministre Benjamin Netanyahou ne l’a pas appelé à faire partie du gouvernement actuel.

Dichter s’exprime avec clarté, sans évitement aux questions. La vaste expérience qu’il a acquise au cours de ses années de service au Shin Bet lui donne une acuité d’analyse des problèmes de sécurité et de défense en cours, sur la base de rapports secrets dont il a eu connaissance dans le cadre de son travail.

Q: Vous ne répondez pas: Est-ce qu’Israël a la capacité de prévenir la menace nucléaire iranienne afin qu’elle ne devienne pas une réalité?

«Israël doit développer ses capacités de défense pour gérer la menace. Dans le même temps, le pays doit développer ses capacités offensives. Cela n’a aucun sens de concentrer toute notre activité à la défense, pour constater que nos capacités de défense se situent autour des 80%. Ce qui revient à dire que  si 10 bombes nucléaires sont tirées sur Israël, huit seront interceptées et que « seulement » deux s’abattront sur notre territoire. C’est un concept de défense tout à fait inacceptable et nous avons donc constamment à prendre des mesures adaptées.

Notre force défensive d’aujourd’hui ne sera sans doute plus suffisante pour contrer les menaces auxquelles nous devront faire face dans cinq ou 10 ans.

Il est tout à fait clair que toute action offensive décidée par Israël aurait des répercussions sur l’accord que les États-Unis ont signé. Je suis heureux de dire que les gens en Israël qui sont en charge de cette question sont conscients de [nos] capacités défensives et offensives, et n’ont aucune intention de permettre qu’un missile, un avion iranien ou quoi que ce soit d’autre, nous frappe et à fortiori certainement pas des armes nucléaires ».

Q: Est ce que le calme relatif de la bande de Gaza depuis l’opération Bordure protectrice – à part des tirs sporadiques de roquettes sur Israël -signifie que le Hamas craint un conflit avec Israël?

« Le Hamas comprend les limites de son pouvoir après des événements et des opérations telles que celles du dernier conflit. En ce moment, il est en train de renforcer son pouvoir, mais, comme toute organisation terroriste, il a également fait des erreurs. Sa plus grande erreur a été de s’aligner avec les Frères musulmans au pouvoir en Egypte en se coupant de l’Iran. En 2013, les Frères musulmans ont été évincés, mais le Hamas a continué de fournir des armes aux forces Etat islamique dans le Sinaï, et a ouvert d’un front contre nous et contre l’Egypte. Il y a deux ans, les Egyptiens – qui pendant des années ont permis [ au Hamas] la contrebande de roquettes et d’autres équipements dans la bande de Gaza – ont commencé à rechercher et détruire les tunnels de contrebande pour endigué la menace terroriste en provenance de Gaza. Le Hamas s’est retrouvé en difficulté et a été contraint de commencer à développer la fabrication d’armes avec ce qu’il avait à Gaza et a également compris que son avantage était en sous-sol, et non pas au dessus du sol. La construction des tunnels s’est renforcée à des fins logistiques et de communication. Aujourd’hui, il existe un réseau de tunnels dans la bande de Gaza, y compris des tunnels d’attaque, opérationnels pour la première fois au cours de l’opération Bordure protectrice. Aujourd’hui, ils comprennent que la prise de risques avec Israël pourrait nous amener à faire tomber le pouvoir du Hamas à Gaza et détruire l’infrastructure terroriste qu’ils n’auraient plus ensuite la capacité de reconstruire ».

Q: Est-ce que nous avons une solution qui les empêche d’être en mesure de nous surprendre ?

«Israël fait des investissements sans précédent en terme de développement technologique, de budget, de développement de nouvelles tactiques de combat et de collecte de renseignements pour faire face à cette nouvelle menace. Dans le même temps, le Hamas investit également tout ce qu’il a en termes de personnes, d’équipement, et d’argent. La moitié des marchandises qui entrent à Gaza sont destinées aux tunnels. Chaque jour, plus de 1000 personnes à Gaza travaillent sous terre dans les tunnels. ils comprennent que si prochain round il y a, ils auront besoin de tunnels pour leur logistique et qu’ils leur permettront de se déplacer librement sous terre ainsi que de tunnels d’attaque qui leur permettraient de changer l’issue de la guerre contre nous. « 

Q: Est-ce que nous avons actuellement la technologie suffisante pour trouver et détruire chaque tunnel, avant d’être attaqués de l’intérieur?

« Je peux dire avec toute la prudence qui sied à cette question délicate que notre situation aujourd’hui [en ce qui concerne la menace de tunnel] est complètement différente de ce qu’elle était au cours de la dernière guerre, l’opération Bordure protectrice. Tous nos corps de défense, et pas seulement l’armée israélienne, accélèrent leurs efforts visant à les découvrir et les neutraliser : les forces opérationnelles, du renseignement et les équipes qui se dédient à mettre au point des solutions technologiques, se penchent sur la question des tunnels. Ce sujet est en tête sur notre liste de priorités. Même le Hamas, qui est une organisation qui a un leadership et des plans stratégiques, se rend compte qu’une offensive risquerait de lui causer de nombreux dommages et ferait beaucoup de blessés, même peut-être beaucoup de notre côté que jamais auparavant, serait très dommageable à la bande de Gaza et pourrait causer sa perte.. Je crois que les moyens mis en oeuvre par la défense et les Tsahal sont tels qu’ils finiront par mettre au point une technique capable de faire des tunnels de Gaza en le plus grand cimetière du Hamas. Ceci, bien sûr, si le Hamas, qui a un gros appétit, est assez fou pour utiliser ces tunnels pour lancer une attaque contre Israël. Ce serait un geste qui aurait des conséquences catastrophiques pour le Hamas « .

Q: Le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déjà 81 ans. Récemment, on lui a posé un catheter cardiaque, et ce n’est pas un homme en bonne santé. Que se passera-t-il « après » lui ?

« Abbas dirige l’AP depuis 10 ans. Il n’y a pas eu d’élections depuis 2005. Je crois qu’il évitera des élections présidentielles tant qu’il est au pouvoir. Je ne suis pas sûr que le prochain président de l’AP sera du mouvement du Fatah, parce que le Hamas est prêt à prendre le contrôle de l’Autorité palestinienne par des moyens démocratiques. Ils savent très bien que si Abbas démissionne parce qu’il n’est plus en mesure de servir en tant que président, son rôle sera assuré par le Conseil législatif palestinien dont le Président Aziz Duwaik, est un homme Hamas. Selon la constitution, deux à trois mois après, des élections auraient lieu, et je ne serais pas surpris si Khaled Mashaal [chef du bureau politique du Hamas ] se présentait. S’il gagne et devient président , de deux choses l’une : soit le Hamas annoncera l’annulation de tous les accords signés en l’Autorité palestinienne et Israël, ou déclarera que le Hamas n’est pas lié par ces accords. Dans ce cas, Israël et ne sera pas en mesure d’accepter cette situation et devra prendre le contrôle des territoires immédiatement, parce que sinon nous serions constamment menacés constante de ce côté là dans la mesure où les accords selon lesquels toute la Judée et la Samarie et  les territoires bande de Gaza doivent être démilitarisés deviendraient caducs. Cela nous replongerait dans une réalité bien pire que celle qui existait avant les accords d’Oslo, parce que nous serions confrontés à l’Autorité terroriste palestinienne. « 

Q: Comment pouvons-nous empêcher Mashaal d’être élu?

«Israël a essayé une fois de façonner le visage d’un régime. Au Liban, en 1982, nous avons soutenu l’élection de Bachir Gemayel [un haut de fonctionnaire du Parti Phalangiste et commandant suprême de la milice des Forces libanaises pendant la guerre civile libanaise, qui a été assassiné en Septembre 1982, après avoir été élu président], mais depuis lors, nous avons compris nos limites. De toute évidence, l’élection sera compliquée pour les Palestiniens. Le Fatah pourrait vouloir présenter comme candidat Marwan Barghouti qui est un meurtrier notoire, actuellement en prison après avoir été condamné à cinq peines à perpétuité. Mais il faut être conscient que le Hamas est très admiré en Judée et Samarie « .

Q: Est-ce que le fait que le Hezbollah est impliqué dans la guerre en Syrie nous garanti le calme à la frontière libanaise?

«Le Hezbollah est la force la plus puissance au Liban. Lorsque ses forces sont entrés en Syrie, ils ont fait pencher la balance, mais ils ont subi des pertes très lourdes dans la balance. Plus de 1 600 de leurs combattants ont été tués et 6.000 blessés. Il y a aussi quelques combattants du Hezbollah détenus en captivité par les rebelles. Cela fait beaucoup pour une armée de 30.000 personnes. Pour nous, c’est certainement une chose positive. Mais par ailleurs le Hezbollah est une formation militaire opérationnelle en Syrie dans le cadre des forces armées régulières, qui utilise les tactiques de combat des militaires à grande échelle, donc si nous devrions avoir à les combattre à l’avenir, ce serait à un autre type de guerre à laquelle nous aurions à faire que par le passé « .

Q: Dans quelle mesure la commission des affaires étrangères et de la Défense de la Knesset peut superviser les FDI et la mise en place de la défense?

« Le plénum du comité, mais surtout le sous-comité, pèseprofondément dans la mise en place de la défense. Ils entendent des comptes rendus reçoivent des rapports et font des visites sur le terrain. Je vais vous donner un exemple. On m’a récemment informé qu’une visite sur les hauteurs du Golan du sous-comité a révélé que les stocks d’urgence sur les hauteurs du Golan étaient dans un très mauvais état. Immédiatement, nous avons envoyé une lettre qui comprenait un rapport sur les conclusions de ce rapport, et les FDI ont pris cela extrêmement au sérieux. Le comité se penche sur des questions telles que le budget de la défense, la défense cybernétique et bien d’autres encore».

Q: Au cours de l’opération Bordure protectrice, le comité a tenu près de 100 réunions et mis en place un grand nombre de critiques. Pourquoi vous ne les compilez pas dans un rapport concluant ?

«Quand je fus nommé président du comité, on m’a informé qu’il avait consacré 10 réunions de remettre un rapport rendant compte de l’opération Bordure protectrice. Le rapport n’a pas été publié parce que la 20e élection de la Knesset l’a remis à plus tard. La plus grande partie classifiée du rapport sera publiée après que les discussions sur le budget de la défense seront achevées. … Ce serait vraiment dommage si tout le travail investi allait être perdu « .

Q: Avez-vous été déçu que le premier ministre n’ait pas vous nommer au cabinet ministériel?

« Je crois qu’avec mes capacités, mon expérience et mes talents, j’aurais pu  contribuer au système politique en tant que ministre. Je suis certainement déçu de ne pas avoir eu de proposition dans ce sens. … Il y a quelques mois, j’ai suggéré au Premier ministre de me nommer ministre des Affaires étrangères, mais il n’e la pas fait. A un moment donné, on m’a offert le poste d’ambassadeur dans un pays important, mais j’ai rejeté l’offre. « 

Q: Quels sont vos objectifs?

«Je suis déterminé à rester dans la vie politique et à intégrer un jour ou l’autre le gouvernement. En ce moment, je rempli mon rôle de président de la commission des affaires étrangères et de la Défense en m’investissant totalement, tout en construisant mon avenir politique. J’ai servi dans l’armée israélienne et le Shin Bet pendant 35 ans. Toute ma vie a été consacrée aux forces militaires et à la sécurité, avec tout ce qui signifie, en renonçant à tout le reste. Quand j’ai fini mon service dans ce secteur, il était clair que je voulais faire de la politique, et je fus nommé ministre de la sécurité publique, et ministre de la défense du front intérieur. Au cours des 11 ans pendant lesquels j’ai servi dans la politique j’ai appris qu’il n’y a pas de voie rapide il faut de la patience. « 

Gideon Allon

Israël Hayom traduction JFORUM

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