L’un des problèmes les plus importants qui touchent les citoyens arabes israéliens est celui de leur sécurité, et notamment celle de leurs villes et villages qu’ils ont refusé de quitter après la création de l’État d’Israël en 1948.

Ce sentiment d’insécurité est notamment lié à la prolifération des armes qui prospère au sein de leur communauté, ou à ce que certains appellent « le chaos des armes ».

Selon la police, 80% des armes illégales détenues par des citoyens en Israël se trouvent dans des mains arabes. Le nombre de plusieurs centaines de milliers est évoqué.

« La quantité d’armes cachées dans les maisons, dans certaines villes arabes, suffit à équiper toute une armée », prévient le journaliste israélien Amir Geira. « Les gens parlent d’armes détenues par des mineurs de moins de 14 ans. Dans presque toutes les maisons, il y a une arme ».

Les citoyens arabes pensent que « ces armes resteront un sujet interne et ne susciteront pas l’intérêt de la police israélienne ou des services de sécurité », explique Jaafar Farah, qui dirige une ONG qui mène une campagne au sein de la communauté arabe pour la lutte contre la violence qui la ronge.

RPJaafar Farah  RP

De son côté, le directeur du Centre Musawa (le Centre pour la défense de la minorité arabe en Israël) s’interroge. « Nous nous demandons s’il ne faudrait pas que ces armes visent les soldats israéliens. Ca pousserait peut-être la police à agir, et confisquer les armes qui se trouvent dans nos villes », affirme-t-il.

1.289 armes saisies l’année dernière

La police israélienne rejette catégoriquement ces accusations de négligeance, mettant en avant des chiffres de 2016, selon lesquelles elle a saisi 1.289 armes, dont 229 bombes, 172 explosifs improvisés, 280 pistolets et 236 armes artisanales.

Depuis le début de l’année, la police a mené 535 raids dans les villes et villages arabes pour saisir et confisquer des armes non-autorisées. Ce sont 952 armes qui ont été trouvées. La police promet de « continuer à travailler au même rythme ».

Selon ces mêmes données, depuis le début de l’année 2017 et jusqu’à la rédaction de cet article, la police israélienne a enregistré environ 400 fusillades dans les villes arabes, qui ont coûté la vie à 40 personnes (dont 6 femmes), la plupart provoquées par des conflits entre familles.

Echec de la police à résoudre les crimes

Beaucoup d’Arabes en Israël attribuent la cause des conflits familiaux au désir de vengeance, suscité par l’échec des institutions à rendre justice. Ce sentiment est renforcé par la non-résolution d’un nombre important de crimes, et le fait que les auteurs restent en liberté.

« La police ne fait pas grand-chose pour résoudre les crimes lorsque la victime est arabe », affirme Jaafar Farah, affirmation que rejette formellement le chef de la police israélienne, Roni Al-Sheikh.

« Au cours de la dernière année, la police a résolu 49% des crimes dans le secteur arabe, contre 53% dans le secteur juif. Il n’y a pas de discrimination entre les Arabes et les Juifs, mais certains crimes dans la communauté arabe sont plus complexes à résoudre », souligne-t-il.

« Une autre raison est que les Arabes ne coopèrent pas avec la police, et elle ne peut pas attraper les tueurs ou leurs complices sans l’aide de témoins oculaires », fait valoir le policier retraité Shimon Shomroni.

Une enquête menée par l’Institut START en mai et juin dernier montre que « 59% des Arabes en Israël ne font pas confiance à la police », alors qu’ils n’étaient que 41% l’année dernière.

« La police israélienne est responsable de la méfiance que les Arabes entretiennent à son égard », estime de son côté le député Ahmed Tibi (Liste arabe unifiée).

« La Commission d’enquête sur les événements d’octobre 2.000 a montré dans son rapport que la police a traité les citoyens arabes comme des ennemis et non comme des citoyens », rappelle-t-il.

« En tant que minorité dans ce pays, nous avons assisté à de nombreux incidents au cours desquels nos jeunes ont été abattus par la police, de la Journée de la Terre à l’assassinat de Mohammed Taha », insiste-t-il.

OfficeAhmed Tibi  Office

En 1976, Palestiniens et Arabes israéliens ont manifesté contre l’annonce du gouvernement israélien de confisquer des terres privées en Galilée. Les manifestations se transformèrent en révolte au cours de laquelle six Arabes furent tués. Finalement, les terres n’ont pas été confisquées.

Le danger de la circulation des armes

Selon les statistiques, la plupart de ces armes proviennent des stocks de l’armée israélienne, mais une petite partie d’entre elles sont fabriquées localement dans les villes arabes.

L’armée israélienne mène une guerre sans merci contre ces nombreux ateliers de confection d’armes qui fleurissent en Cisjordanie, et qui fournissent les terroristes. Ainsi 33 ateliers ont été fermés depuis le début de l’année.

Par ailleurs, plusieurs endroits en Israël sont concernées par la circulation des armes vers la minorité arabe. Les services de sécurité israéliens redoutent qu’elles soient utilisées pour mener des attaques hostiles ou nationalistes, comme cela s’est produit récemment.

Les forces de sécurité ont ainsi été surprises de découvrir que l’arme utilisée par les trois jeunes d’Umm al-Fahm lors de leur attaque sur l’esplanade des Mosquées qui a coûté la vie à deux policiers israéliens, était un fusil Carl Gustav (modèle suédois), souvent utilisé dans les conflits familiaux au sein de la communauté arabe israélienne.

Omar Rabie est web-journaliste pour le site arabophone d’i24NEWS

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