Un tatouage fait du nageur Fabien Gilot une star en Israël

Avec ses trois potes du 4×100 m, Fabien Gilot a fait les gros titres des médias français, lundi, au lendemain de la victoire olympique du relais. Normal. Plus surprenant : la photo du nageur a aussi illustré les unes de la presse…

Avec ses trois potes du 4×100 m, Fabien Gilot a fait les gros titres des médias français, lors de la victoire olympique du relais (2012). Normal.

Plus surprenant : la photo du nageur a aussi illustré les unes de la presse israélienne. Pleine page.

Un honneur rarement réservé à un sportif étranger, surtout en natation. Sur les photos, on le voit au bord de la piscine, à l’arrivée de la finale, levant les bras en signe de victoire, entre ses deux équipiers, Clément Lefert et Amaury Leveaux. Sur l’intérieur de son biceps, un tatouage.

Journaux et sites israéliens l’ont cerclé de rouge, pour le mettre en évidence. Ses deux lignes, l’une au-dessus de l’autre, sont écrites en hébreu.

Fabien Gillot, en mars 2012, à Dunkerque

Fabien Gillot, en mars 2012, à Dunkerque – Denis Charlet/AFP

En Israël, la photo de Fabien Gilot et son étrange histoire ont buzzé tout au long de la journée de lundi. L’un des plus grands quotidiens du pays, Yediot Ahronot, a lancé l’un de ses reporters à Londres sur la piste de Fabien Gilot. Yaniv Halily raconte :

« Je cherche à rentrer en contact avec lui pour connaître l’histoire de ce tatouage. Nous avons appelé sa famille en France. Mais j’ai besoin de lui parler. Je veux savoir.

Fabien n’est pas juif. Mais en Israël, il est déjà une star. Comme nous n’avons pas beaucoup de chances de médailles aux Jeux, nous allons l’encourager comme l’un des nôtres. »

Le tatouage en question est un hommage familial. Il signifie : « Je ne suis rien sans vous. » Fabien Gilot l’a fait graver sur son bras deux ans plus tôt.

Un grand-père juif, survivant d’Auschwitz

Selon son amie, la brasseuse Anne-Sophie Le Paranthoën, il voulait adresser un message à son grand-père juif, survivant du camp d’Auschwitz, disparu cette année (2012). Il aurait aussi été séduit par l’esthétique des caractères hébreux.

Comme beaucoup d’autres nageurs, Fabien Gilot aime les tatouages. Il porte sur la peau les cinq anneaux olympiques, en couleur. Sur son estomac, il a fait marquer trois étoiles sombres, une pour chacun de ses frères.

Engagé sur 100 m, le nageur du CN Marseille s’est remis à l’eau ce mardi, à l’Aquatics Center de Londres. Séries le matin, demi-finale dans la soirée. Yaniv Halily promet :

« S’il remporte une médaille, il fera à nouveau les gros titres en Israël. Je vais le suivre. L’histoire de sa famille est un peu la nôtre. »

rue89.nouvelobs.com/

Rio 2016 – Natation : les cinq secrets de Fabien Gilot

Les jeux olympiques 2016 sont làs. À cette occasion, la rédaction web de France 3 Nord Pas-de-Calais vous présente les sportifs qui défendront les couleurs nordistes à Rio. Aujourd’hui Fabien Gilot, relayeur denaisien, capitaine en or de l’équipe de France de natation.

Fabien Gilot va tenter de ramener de Rio une nouvelle médaille avec le relais 4 x 100. © FRANCOIS XAVIER MARIT / AFP

© FRANCOIS XAVIER MARIT / AFP Fabien Gilot va tenter de ramener de Rio une nouvelle médaille avec le relais 4 x 100.

« Le règne, la puissance et la gloire ». On pourrait l’appeler le Messie de la natation française. Fabien Gilot, détonateur du nord, demeure un héros de l’ombre dans les bassins du monde. Il prend soin d’éviter de se mettre en avant et parle très rarement de lui.

Pourtant, c’est la cheville ouvrière de la natation française. La renaissance des Français dans les bassins lui doit beaucoup. Sa force de caractère porte les bleus vers les médailles et transfigure des athlètes méconnaissables. Sextuple médaillé d’or en compétitions internationales avec les relais, il n’a plus perdu avec le 4 fois 100 mètres nage libre depuis le mondial de 2011. Il s’alignera à nouveau sur cette course à Rio.

« C’est bien de conserver nos titres et de forger la cohésion du groupe », raconte-t-il à son sponsor. Même si l’objectif demeure la médaille d’or, il assure à RMC que les Français ne font plus office de grands favoris : « comme tous les ans, il y a quatre nations qui sortent un peu du peloton : l’Australie, les États-Unis, la Russie et nous. Les Australiens ont peut-être un petit avantage cette année. Ça va se jouer à peu de choses. Restons humbles. Ce qui est sûr, c’est qu’on a le collectif pour avoir une chance de conserver le titre ».

Les quatre médaillés d'or des Jeux de Londres, Clément Lefert, Fabien Gilot, Amaury Leveaux et Yannick Agnel. (archives) © CHRISTOPHE SIMON / AFP

© CHRISTOPHE SIMON / AFP Les quatre médaillés d’or des Jeux de Londres, Clément Lefert, Fabien Gilot, Amaury Leveaux et Yannick Agnel. (archives)

« Tu vas au moins terminer l’année de natation »

Fabien Gilot est tombé dans l’eau tout petit. Mais l’histoire a bien failli se terminer très vite, comme le raconte son papa Michel : « Il a commencé à nager à 7 ans. Un jour, son école primaire me convoque pour me demander si j’acceptais d’inscrire Fabien au club de natation de Denain. Ça ne me dérangeait pas s’il donnait son accord. Un mois après lui avoir pris sa licence, il revient un soir à la maison en pleurant et en voulant arrêter. Tu vas au moins terminer l’année de natation, lui ai-je répondu. Heureusement que je n’ai pas lâché ! J’imagine que le club lui avait rendu la vie difficile ce jour là. » À l’aise dans l’eau, Fabien s’éclate au waterpolo avant de se tourner vers la course. « Il file déjà vite », s’exclame Michel.

Tout pour les autres

Mais le collectif lui manque. Sur le plot de départ, tout seul dans sa compétition, Fabien ne parvient pas à se transcender. En 13 ans de carrière internationale, il n’a décroché qu’une médaille d’argent en individuel. « C’est le drame, il n’y arrive vraiment pas », se lamente son père. « On ne l’explique pas. Il fait des temps exceptionnels en relais et ramène parfois l’équipe sur de bons rails. Il donne pour les autres sans se poser de questions. Seul dans sa course individuelle, ça bloque alors qu’il a largement le niveau. »

Peu affecté par ses échecs personnels, Fabien prend l’équipe de France à son compte et se donne corps et âme pour les relais. Pour Michel, il en est devenu le papa naturel des bleus. « Il encadre les nageurs et rassure les nouveaux. Il sait trouver les bons mots pour chacun : il en motive certains et prend soin d’en calmer d’autres, à l’instar de Florent Manaudou. C’est lui qui dicte les dernières consignes dans la chambre d’appel. Jérémy Stravius expliquait qu’aux jeux de Londres, les relayeurs avaient déjà gagné dans leur tête grâce à ses mots d’avant course. » Un comportement qui ne surprend pas le papa : « C’est l’ainé et depuis  tout petit il prend son rôle de grand frère protecteur à cœur. »

La finale des Jeux de Londres

Monstre physique

À 32 ans, Fabien prend conscience de ses nouvelles limites physiques. « Il a fait une grosse préparation cet été et s’est beaucoup entraîné. Le corps vieillit et ne réagit plus comme avant. Mais il se sent bien et il donnera tout pour ses derniers jeux », assure son père. Travailleur assidu, Fabien Gilot initie depuis dix ans au cercle des nageurs de Marseille de nouvelles techniques d’entraînement. Il s’agit de privilégier son physique à la technique de nage. « On lui riait au nez au début mais ses efforts ont finalement porté leurs fruits », raconte Michel. « Le sport de haut niveau apporte de bonnes valeurs, à l’image de l’esprit d’équipe, qui nous servent dans la vie active. Les sportifs prennent de l’avance sur les autres », aime-t-il répéter.

Le nord s’identifie à Fabien… après l’avoir laissé de côté

Motivé par le partage et passionné par les Jeux olympiques, Fabien n’en oublie pas pour autant ses origines denaisiennes. Une région avec qui les relations n’ont pas toujours été au beau fixe. « Fabien adore le Nord. À ses 14 ans, je l’ai mis en sport étude au pôle France de Rouen et à l’époque, Francis Luyce (NDLR président de la fédération), m’en avait voulu. Je me mets à sa place, c’est vrai que dans son club de Dunkerque, Francis privilégient le demi-fond au détriment du sprint. »

Michel n’est pas allé jusqu’à déclarer qu’il n’y avait « rien, rien du tout pour les nageurs dans la région » à l’instar du papa de Fantine Lesaffre. Il dénonce néanmoins le rôle de la région : « j’avais également demandé de l’aide à la région et personne ne m’avait répondu. On garde quand même de bonnes relations. Maintenant tout le monde est fier et s’identifie à lui. »

Le désordre du relais de Pékin

Épanoui dans les relais bleus, Fabien garde en travers de la gorge le comportement de l’ancien directeur technique national aux JO de Pékin. « En 2008, les relayeurs terminent deuxième à 8 secondes des Américains. Une heure avant la course, Claude Fauquet bouleverse l’ordre des relayeurs sans en avertir les nageurs. Alain Bernard termine la course alors que ça devait être Frédéric Bousquet, qui connaissait par cœur les Américains avec qui il s’entraînait à l’époque. Fabien n’avait pas apprécié. Désormais, les nageurs choisissent eux-mêmes l’ordre des relayeurs. »

À Rio, les six relayeurs sélectionnés visent une deuxième médaille d’or consécutive.« Le sport, c’est l’école de la vie », répète Fabien qui a besoin de l’adrénaline des compétitions. Toujours en équipe : « tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin », clame le proverbe. Porté par les autres, Fabien nage plus vite.

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Fab

En France on a le sens de la famille. Fabien Gilot lui va plus loin, puisqu’il transcende les générations.
Ce qui est évident pour les juifs, commencerais il éclairer les chrétiens?
Sans le savoir c’est aussi un message pour les négationnistes. « La SHOAH n’est pas seulement dans la pierre des camps, ou les livres d’histoire. Mais aussi dans la chaire des descendants ».