Pourquoi la CGT empêche la presse de paraître
Le syndicat exigeait que les quotidiens publient une tribune aux allures de tract. Refus des patrons de presse. En représailles, aucun quotidien n’a été imprimé.
La CGT-Filpac (Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication) souhaitait publier une tribune dénonçant la loi travail dans l’ensemble des journaux, ce matin. Le syndicat de la presse quotidienne nationale s’est refusé à céder à ce chantage. Conséquence : aucun quotidien ne sera diffusé ce matin. À l’exception d’un seul : L’Humanité, qui publie l’intégralité du texte de Philippe Martinez, secrétaire général de la centrale. « C’est bien la preuve que la CGT exerce un chantage sur le contenu de nos journaux, s’indigne un patron de quotidien. C’est une désolante et scandaleuse première ! » En 2010, une initiative comparable avait été menée par la même CGT qui entendait protester contre la réforme des retraites menée par le gouvernement Fillon. Les patrons de presse s’y étaient également opposés et aucun quotidien national n’avait paru. Les directeurs des quotidiens nationaux sont vent debout contre cet ultimatum.
Laurent Joffrin, directeur de Libération, au Point.fr :
« C’est un chantage pur et simple. La position du syndicat de la presse quotidienne qui nous représente est simple : on ne publie pas de texte sous la contrainte. La demande nous a été formulée comme dans Le Parrain. Dans ces termes : c’est une proposition que vous ne pouvez pas refuser. Seul L’Humanité s’est couché en cédant à cet ultimatum. On voit le projet sous-jacent : ces personnes sont dans la nostalgie d’un temps où il n’y avait qu’un journal véhiculant le message du parti. Ce n’est pas notre conception de la presse. »
Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro :
La CGT bloque sans préavis, et pour la troisième fois en moins d’un mois, l’impression et la distribution des quotidiens nationaux datés du 26 mai. Ce sont des méthodes staliniennes. Ces blocages scandaleux témoignent de la surenchère politique « radicale » de la CGT, dont la direction est engagée dans un absurde bras de fer avec le gouvernement au sujet de la loi El Khomri.
Nicolas Beytout, fondateur et directeur du journal L’Opinion , a publié un éditorial sanglant dans lequel il déclare « avoir honte de l’action syndicale » :
« Comme tous les quotidiens nationaux, L’Opinion est interdit de parution, ce jeudi 26 mai 2016. Une date qui restera comme un de ces moments où l’on peut avoir honte de ce qu’est devenue l’action syndicale. La CGT a en effet décidé de bloquer l’impression des journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi travail. Cette intrusion scandaleuse du syndicat dans les contenus des médias doit être dénoncée comme une déplorable atteinte à la démocratie. Il est vrai que la CGT n’en est plus à une dérive près. Avec le blocus de l’économie française, avec la mise en coupe réglée de son secteur énergétique et des transports, avec la menace de paralyser le pays à la veille de l’Euro de foot, sa stratégie est désormais claire : c’est celle de la prise d’otages et du chantage. »
PAR LE POINT.FR
La CGT-transport noyautée par les Islamistes. Vidéo
VIDEO. La CGT a « perdu 500 syndiqués » à Air France après avoir exclu les « intégristes islamistes », assure Philippe Martinez
VIDEO. La CGT a « perdu 500 syndiqués » à Air France après avoir exclu les « intégristes islamistes », assure Philippe Martinez
En mars dernier, on avait parlé d’un coup de tonnerre : la CGT venait de perdre sa première place aux élections professionnelles au sein d’Air France. Ce mercredi, neuf mois plus tard, on apprend par la voix du patron de la CGT Philippe Martinez, invité sur France Info, que c’est à cause de l’islamisme radical que le syndicat a connu cet échec.
« Depuis des années nos camarades d’Air France, de la RATP aussi, ont dénoncé des dérives [islamistes], commence Martinez. A Air France, on a exclu [les islamistes], d’ailleurs ça nous a coûté la première place aux élections professionnelles. (…) On a viré purement et simplement de genre d’individus de la CGT, ça nous a coûté la première place aux élections mais on a assumé cette décision », a répété le leader syndicaliste.
« Il y en avait tant que ça ? »
Entouré des journalistes de France Info, il est aussitôt interrogé sur le rapport, apparemment évident pour lui, entre les syndiqués radicalisés et l’échec aux élections professionnelles. « Il y en avait tant que ça ? », lui demande-t-on au sujet des islamistes CGT d’Air France. « Vous savez, il y a des leaders qui entraînent des salariés… On a perdu 500 syndiqués dans l’affaire. Ils n’étaient pas tous radicaux… »
A nouveau interrogé sur le rapport entre quelques syndiqués radicalisés et des centaines de salariés « perdus », Philippe Martinez ne se montre pas plus clair : « Il y a des leaders, dans les ateliers, etc. Dans la CGT à Roissy il y a plus de 2.000 syndiqués CGT, quand il y a des problèmes de ce genre [l’intégrisme islamiste], des leaders peuvent entraîner des salariés. » Et de conclure, montrant la fermeté de la CGT sur ce sujet un peu confus : « Ce sont très peu d’individus, mais il y a besoin d’agir ». Au risque de perdre, on ne sait trop comment, les élections professionnelles…
Ces 500 personnes ne sont pas toutes des islamistes radicaux, a estimé le secrétaire général de la CGT, mercredi sur France Info, mais des personnes qui ont pu être influencées par « des leaders ».
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a évoqué, mercredi 2 décembre, sur France Info, la lutte contre les employés « intégristes islamistes », au sein de son syndicat à la RATP et chez Air France. Une politique qui, assure-t-il, a coûté « 500 syndiqués » à la CGT, et la victoire aux dernières élections professionnelles.
Des femmes menacées par des intégristes à la RATP
« Ils n’étaient pas tous radicaux », a précisé Philippe Martinez, mais « il y a des leaders dans les ateliers » et « quand il y a des problèmes de ce genre, des leaders peuvent entraîner des salariés ».
Le secrétaire général de la CGT ne cite pas un exemple au sein d’Air France, mais signale certains cas à la RATP, où le patron de la CFDT, Christophe Salmon, a pointé des « déviances graves » après les attentats de Paris, et où travaillait un des kamikazes du 13 novembre. Mercredi, Philippe Martinez a ainsi évoqué des salariées « qui ont été menacées parce que ces intégristes refusaient de conduire un bus après une femme ».