Romainville, mardi 18 juillet 2017. Issu de la communauté juive, ce témoin avait fait appel en 1993 et 1994 au circonciseur récemment mis en examen pour viol et agression sexuelle. Il dénonce l’omerta qui a entouré cette histoire depuis une trentaine d’années. LP/Marjorie Lenhardt
Plusieurs rabbins d’Ile-de-France confirment que des rumeurs circulaient depuis une trentaine d’années au sujet du mohel récemment mis en examen.
Source : Le Parisien

Le circonciseur de Sarcelles mis en examen pour viol et agression sexuelle à l’encontre des mères des enfants juifs qu’il « opérait » aurait agi en toute tranquillité depuis une trentaine d’années, sans jamais être inquiété. Des rumeurs circulaient pourtant à son sujet un peu partout au sein des communautés juives d’Ile-de-France. Et certaines synagogues, comme celles de Sarcelles, du Raincy (Seine-Saint-Denis) et des Tournelles (Paris IVe), lui avaient interdit l’accès.

Mais aucune plainte n’a jamais été déposée contre lui. Jusqu’à il y a un peu plus d’un mois, quand six femmes ont décidé de sortir du silence. Depuis, elles sont une vingtaine de toute la région à s’être manifestées. Et le nombre de victimes pourrait être encore bien supérieur, mais toutes ne pourront pas se porter partie civile du fait de la prescription des faits.

« C’est pour moi, le dénouement d’une histoire muette », confie Laurent Berros, rabbin de Sarcelles depuis 2004. C’est son prédécesseur qui avait déjà interdit à Gabriel Assouline de pratiquer dans la synagogue. « Des choses se disaient sur lui, qu’il devait se faire soigner. Mais ce n’était que des qu’en-dira-t-on. Sous mon mandat, je n’ai jamais eu de problème avec lui. »

« Il faut encadrer la pratique des circonciseurs »
Moché Lewin, au centre, est rabbin de la synagogue du Raincy, conseiller spécial du grand rabbin de France Haïm Korsia. Il a été porte-parole du grand rabbin de France, Gilles Bernheim, jusqu’au 10 avril 2013. LP/Sébastien Roselé

 

Moché Lewin, rabbin du Raincy (93) et conseiller spécial du grand rabbin de France, avait interdit l’accès de sa synagogue à Gabriel Assouline depuis douze ans, suite aux rumeurs qui le concernait. Selon lui, cette situation n’aurait pas pris autant d’ampleur si la pratique de la brit-milah (cérémonie religieuse de circoncision) avait été plus surveillée. « Il faut encadrer la pratique des circonciseurs. »

En 2012, Moché Lewin a d’ailleurs été l’initiateur d’un groupe de travail pour sécuriser ces pratiques. En 2014, lui et d’autres personnalités ont créé l’Association française des mohalim. « Tous les mohel qui veulent en être membres sont contrôlés par des urologues et ils doivent suivre un manuel des bonnes pratiques », explique-t-il. « Avec notre association, nous n’éviterons pas les pervers. Mais le risque pourrait être contenu avec la mise en place d’un annuaire pour recenser les circonciseurs que nous avons validés », souligne-t-il.

Aujourd’hui, la communauté juive regrette cette « omerta ». Comme David, qui a fait appel à ce circonciseur à deux reprises en 1993 et 1994. « Déjà, à cette époque, il y avait des rumeurs à son encontre. Je n’étais pas forcément à l’aise avec ça, mais comme il avait un caractère très fort, il était très sûr de lui. Et il était très demandé pour faire des circoncisions. Je mettais ces rumeurs sur le compte de la jalousie d’autres mohel », explique cet habitant de Romainville (Seine-Saint-Denis), regrettant « l’opprobre » que le circonciseur a jeté sur sa communauté.

Gabriel Assouline était en effet un circonciseur très demandé, il s’occupait d’environ 60 % des circoncisions en Ile-de-France. Le mohel de Sarcelles jouissait donc d’une bonne réputation et les familles se le recommandaient de bouche-à-oreille. Car il était très « religieux », « théâtral » en soulevant le bébé à bout de bras, et « professionnel ». Il se présentait aussi comme chirurgien-dentiste, ce qui rassurait les familles. Et surtout les victimes, sur lesquelles il prétendait faire des « pratiques pseudo-médicales de vérification du corps » pour parvenir à ses fins. Or, selon plusieurs sources concordantes, Gabriel Assouline n’aurait jamais validé son diplôme de chirurgien-dentiste.

« Les plaignantes ne veulent pas uniquement se focaliser sur le passé. Déterminées, elles sont dans le présent et ont déjà réussi à le faire arrêter », remarque Me Elie Korchia, avocat au barreau de Paris représentant les victimes présumées. Le 7 juillet dernier, Gabriel Assouline (qui n’a pas répondu à nos sollicitations) a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de pratiquer toute activité médicale et toute activité impliquant un contact avec des mineurs. Il a aussi l’interdiction de résider en Ile-de-France. De son côté, le grand rabbin de France a également demandé l’interdiction de sa pratique.

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trublion

article à charge ? en citant le nom.
lapidation, sans même attendre la fin de l’enquête, et le petit rabbin de france qui s’en mêle en interdisant de faire appel à lui pour les milot. 60% des milot ça faits des jaloux ?
indéniablement, c’est un très bon mohel.
qui sommes nous pour juger et mettre au ban ?
s’il n’est pas dentiste et que les milot est sa parnassa, tout ce petit monde l’a déjà puni, sans jugement, et quelle punition …

Gerard Brami

La communauté juive a toujours eu peur de révéler un certain nombre de choses, qui pouvait lui porter préjudice.
J’ai été concernés il y a déjà plusieurs années lors ce que j’ai dénoncé les abus financier et la mauvaise gestion des écoles juives

De nombreuses personnes, dont des personnes religieuses ou orthodoxes avaient en main des informations particulièrement douloureuses sur cette gestion catastrophique et complètement illégalement
Mais la tendance était de dire qu’il ne fallait pas trop parler.

Cela est reprochable . Nous devons être de bons citoyens même quand cela peut toucher à des personnes que nous apprécions comme les membres de la communauté juive.