Brexit, Notre-Dame des Landes : pile je gagne, face tu perds ?

FIGAROVOX – Pour Gilles-William Goldnadel, du Brexit à Notre-Dame des Landes, bien des responsables publiques n’ont rien contre les référendums, à condition qu’ils puissent changer ou choisir le peuple.


Tout a été dit, ou presque, sur les raisons, bonnes ou mauvaises, mais rationnelles qui peuvent expliquer le scrutin britannique.

L’insupportable légèreté du non-être eurocrate qui n’aura jamais seulement songé à réfléchir à ce qu’était l’Europe, ses racines et ses limites tant il était préoccupé à défendre les valeurs évanescentes d’un continent sans plus de peuples ni de frontières.

L’outrecuidance proverbiale d’un personnel politique jargonnant en volapuk administratif mais ne s’exprimant plus que dans la langue du pays qui vient de le quitter.

Sa médiocrité aussi. D’une rareté parfaite. Sans vouloir mésestimer le talent accordé à Boris Johnson ou la démagogie prêtée à Nigel Farage, le verdict de vendredi doit beaucoup à Messieurs Junker et Shulz.

Mais plus encore à Mme Merkel. Une boussole. Le Nord. Le seul pôle sur lequel la population européenne croyait pouvoir tranquillement se fixer. Tellement d’acier, que longtemps ceux qui l’encensent aujourd’hui l’ont figurée méchamment avec un casque à pointe.

Il aura fallu qu’elle ouvre à tous les vents les portes et fenêtres d’un continent déjà tellement hospitalier qu’il était devenu une manière d’hôtel d’où l’on expulsait plus ni les hôtes de passage sans réservation, ni même les responsables de tapage.

Combien de centaines de milliers de citoyens britanniques ont-ils voté pour la sortie après avoir assisté à l’entrée forcée de centaines de migrants non européens, et principalement islamiques, à l’intérieur d’un continent miné par le terrorisme et l’insécurité?

Et combien se sont-ils détachés d’une Europe à laquelle ils avaient fini bon gré mal gré à s’attacher, après avoir assisté à la capitulation, chancelière en tête, de ses représentants devant le sultan ottoman?

Mais à côté de ces raisons objectives, il en existe une autre, moins rationnelle mais sans doute plus profonde. Son nom circule désormais. Elle s’appelle transgression. Pas n’importe laquelle. Pas la transgression iconoclaste. Par goût pour la perversion.

Non, la transgression tranquille. La transgression utile. Un vrai plaisir. Politique et démocratique, mais quasi érotique. Et qui ne va pas s’arrêter au peuple britannique. La transgression contre l’ordre despotique. Contre l’interdit stupide. Contre une classe médiatique et politique méprisante . Contre les grands prêtres cathodiques, leur catéchisme universel mais leurs attouchements xénophiles .

Contre leur prêchi-prêcha auquel plus personne ne croit et qui voudrait faire passer les révoltés et désespérés pour de vrais demeurés.

Et taxer de xénophobes et surtaxer de racistes les patriotes légalistes qui demandent simplement le respect des lois migratoires et qui ne confondent pas immigration paisible, légale et maîtrisée avec migration invasive, forcée et parfois grosse de mortel danger.

Oui, il y avait une manière de plaisir jubilatoire et transgressif pour une partie toujours grandissante de la population britannique et européenne à constater la possibilité de pouvoir peut-être détourner la trajectoire d’un funeste destin tracé d’avance sans son assentiment.

Un plaisir d’autant plus grand que ce peuple savait qu’on voudrait lui confisquer sa victoire et avant, et après.

Le jour d’avant, on laissa à penser que l’assassinat d’une députée travailliste allait profiter aux partisans du maintien. Ce qui sous-entendait lourdement en creux que ceux du Brexit étaient pour quelque chose dans son trépas. Les mêmes évidemment, avec cette morale sélective qui fait tout leur charme, n’avaient pas eu de mots assez durs pour stigmatiser l’indécence de Donald Trump à «instrumentaliser» le massacre d’Orlando en évoquant seulement l’islam radical.

Le jour d’avant l’ensemble du monde financier avait prophétisé l’apocalypse maintenant au cas où les grands bretons décideraient de forcer le destin ordonné.

Le jour d’avant, la totalité des jets people hors-sol, les soi-disant anticonformistes par nature, les généreux par profession, s’étaient tous prononcés contre le retour à l’idée de nation. L’actrice Emma Thomson, croyant spirituel de décrire tendrement son pays comme: «une vieille île grise chargée de misère et bourrée de gâteaux»

Le jour d’avant, l’ensemble des commentateurs, des observateurs, avait prévu la défaite des ploucs et des tocards. Jusqu’aux bookmakers qui, contre leur intérêt donc, avaient parié contre la cote, pour le favori des nantis.

Las, personne n’avait cru bon d’expliquer aux parieurs que Marx, en Angleterre, s’était beaucoup trompé. Que contrairement à ce qu’il avait décrété, les prolétaires avaient bien une patrie. Il n’ont même peut-être que cela.

Mais le jour d’après fut encore plus emblématique du mépris souverain du camp du bien pour le peuple souverain quand il vote mal.

La Grande-Bretagne, nonobstant le traité qui lui donne deux ans, était sommée de déguerpir sur-le-champ.

L’inénarrable M. Ayrault, dont il n’est pas inutile de rappeler au lecteur distrait qu’il demeure 1 rue du Quai d’Orsay, donnait l’ordre à M. Cameron de quitter le 10 de la rue Downing sans désemparer.

Mme Merkel, dans une belle harmonie, disait tout le contraire, quant à elle.

Bien sûr, l’ensemble du camp du bien voyait dans sa défaite le triomphe des nationalistes belliqueux, étant bien entendu que «le nationalisme c’est la guerre». Par malheur, les ploucs et les gueux n’avaient pas voulu voir qu’ils vivaient actuellement au sein d’une Europe sécure et pacifiée. Certains ploucs et gueux continuant de croire que, par exemple, les terribles conflits qui ensanglantent l’Orient résulteraient plutôt, non d’un improbable nationalisme sans nations , mais plutôt des haines religieuses, ethniques et tribales.

Curieusement, tout en décorant les électeurs rebelles de toutes les étiquettes convenues et obligatoires, les hommes de Bruxelles, Strasbourg et de Paris-Élysée, reconnaissaient que désormais il faudrait prendre en compte la demande d’identité et de sécurité des peuples européens. Allez comprendre.

Une député socialiste, forcément antiraciste, Axelle Lemaire, allant même, sur Ia télévision, à incriminer , déconfite, le vote «petit blanc» pour expliquer la déconfiture électorale du camp du bien.

Bien sûr, ce ne sont pas les socialistes, comme Benoît Hamon par exemple, qui auraient en-tête le vote ethnique quand il refuse la déchéance de nationalité ou prend les crampons de M. Benzema.

Et notre imagination est impuissante à décrire la réaction médiatique au cas où une Nadine Morano évoquerait par mégarde un vote «petit noir» ou «petit brun»

Mais le pire était à venir. Dès le lendemain, une bonne partie du camp du bien autoproclamé, évoquait sans rire cette pétition ou 3 millions de Britanniques réclamaient sans fair-play , un replay. Ou encore, celle plus désopilante demandant un statut spécial pour Londres qui avait bien voté.

Il est vrai que nos Verts bien de chez nous avaient accepté de participer à la consultation sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes tout en indiquant qu’ils refuseraient le résultat du scrutin, s’il était défavorable à leur vue imprenable.

Pile je gagne, face tu perds. Le peuple vote mal, changeons le peuple, disait Brecht, qui s’y connaissait bien en totalitarisme de la gauche extrême.

francois-hollande3

Le zadisme ne passera pas.

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  • Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est président de l’association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.

  • lefigaro.fr

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jean-louis

Oui, le peuple vote mal, il faut changer de peuple. Et en France, au moins, on s’en occupe activement. On importe aussi vite que possible, un nouveau peuple venu d’Afrique ou du Moyen-Orient. Le grand remplacement est en cours. En attendant, 2005 nous a servi de leçon. Plus question de le consulter jusqu’à ce qu’il ait été assez profondément changé. .