La souplesse insoupçonnée de Lieberman : un Ministère de la Défense pour établir la paix? 

Deux faucons en passe de se transformer en Colombes? 

Le Ministre de la Défense entrant s’est fait le champion  de l’idée d’un accord complet -parl’échange de territoires – entre Israël et le monde arabe depuis longtemps. Actuellement, alors que le Président égyptien al-Sissi fait la promotion d’une telle avancée, l’engagement de Lieberman envers sa vision proclamée va être mis à l’épreuve. 

Il n’est pas très difficile d’imaginer ce que sera le prochain slogan de campagne d’Avigdor Lieberman, travaillant cette fois, avec acharnement, autour du message publicitaire du Premier Ministre : intraitable sur la Défense, souple en matière de paix. Il y a de forts relents indiquant que le Premier Ministre et son nouveau Ministre de la Défense convergent sur l’idée qu’un accord de paix israélo-palestinien devrait comprendre un accord global avec le monde arabe, mené par l’Egypte.

C’est vrai, les engagements pris par le Premier Ministre Netanyahu envers le Président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, qui étaient destinés à lancer publiquement cette initiative, ont été élaborés avec l’Union Sioniste encore à l’esprit, avant le revirement politique vers Lieberman, mais le Président d’Yisrael Beitenu semble encore s’en tenir à cette ligne. Netanyahu peut continuer dans cette voie, au moins discuter d’un futur accord de paix globale. 

 

Egyptian President al-Sisi. Promoting a comprehensive arrangement for peace, just as Lieberman envisioned. (Photo: AFP)
Le Président égyptien al-Sisi. Il est le promoteur d’un accord global de paix, exactement comme l’envisage Lieberman. (Photo: AFP)

Les Egyptiens ont transmis leurs préoccupations quant à la nomination de Lieberman en tant que Ministre de la Défense, peu de temps après qu’elle ait été annoncée. Netanyahu a ensuite appelé al-Sissi au téléphone, de façon à rassurer le Président égyptien. L’initaitve diplomatique concoctée par Tony Blair, ces derniers mois – de concert avec le représentant du PM Netanyahu, Yitzhak Molcho – est toujours d’actualité, a t-il confirmé. 

Selon des sources égyptiennes, au cours de leur conversation, Netanyahu a réitéré les engagements israéliens offerts à al -Sissi  avant son apparition publique le 17 Mai, lors de laquelle il a appelé Israël et les Palestiniens à entamer une conférence de la paix. Netanyahu s’est même engagé à déclarer publiquement son soutien à la proposition d’al-Sissi, dès que ses nouveaux ministres seront adoubés au sein de son gouvernement. 

Les correspondants égyptiens qui ont lu la retranscription de cette conversation ont l’impression que Netanyahu s’exprimait aussi bien de la part de son nouveau Ministre de la Défense que de la sienne. Peut-être que ce sentiment devrait être cultivé, a suggéré un proche de Lieberman, Moshe Léon, alors qu’il s’exprimait à la radio, parce Lieberman est attaché à l’idée d’une solution régionale. Et la seule initiative régionale actuellement sur la table est celle dont le champion est al-Sissi. Dans le même état d’esprit, un peu plus tôt cette semaine, une délégation de responsables importants du Ministère des Affaires étrangères israélien s’est rendue au Caire, mais cela ne faisait pas encore partie du processus diplomatique en développement. Les greffiers du Ministère des affaires étrangères n’est pas encore partenaire de ces procédures, mais passe actuellement du temps à favoriser le dialogue en cours entre les deux parties – une belle réalisation de sa part.

Les inquiétudes égyptiennes sont juste la conséquence du changement dans la structure de la coalition gouvernementale et du fait que l’Union Sioniste ait pris ses distances avec ce gouvernement,mais aussi dues à la crainte que le nombre de nouveaux suffrages qu’amène avec lui Lieberman ne soient pas suffisants pour empêcher le parti de Bennett, Habayit Hayehudi de mettre son veto sur l’orientation des votes au sein du gouvernement.

Peu de temps avant le discours d’al-Sissi, Tony Blair lui a communiqué deux promesses de Netanyahu, qui ont donné au Président égyptien le feu vert afin de commencer à faire les premiers gestes impliquant les Saoudiens et les Emirats Arabes Unis. La première concerne le fait qu’en principe [ce qui est déjà connu], Israël accepterait l’initiative de paix saoudienne, tout en reconnaissant le fait que l’Etat hébreu conserve des réserves qui seront débattues dans le cadre du dialogue avec les représentants du monde arabe. La seconde est qu’Israël répétera publiquement ses engagements envers la Solution à Deux Etats, et mettra en place des actions qui donneront une certaine crédibilité à cette annonce publique. Cela pourrait mettre le nouveau Ministre de la Défense en face-à-face avec son premier test important à ce poste.

 

PM Netanyahu and his new Defence Minister. Will Lieberman be willing to pay the price for his vision? (Photo: Gil Yohanan)
PM Netanyahu aet son Nouveau Ministre de la Défense. Lieberman est-il prêt à payer le prix de sa vision? (Photo: Gil Yohanan)

Lors d’une conférence en présence d’étudiants du Centre Interdisciplinaire d’Herzliyah (IDC), vers la fin de son mandat en tant que Ministre des Affaires étrangères, Lieberman avait déclaré : « Il n’y a qu’un accord complet avec le monde arabe modéré qui puisse conduire à une résolution de la question palestinienne ». A l’époque actuelle, avait-il dit, Israël dispose d’une immense occasion d’obtenir un arrangement régional qui comprendrait des relations diplomatiques et commerciales. « Imaginez être en mesure de prendre un avion direct de Tel Aviv vers Doha (Qatar) ou Riyad (Arabie Saoudite). Il s’agirait d’une réalité totalement inédite et différente. Les capacités technologiques d’Israël et la puissance financière du monde arabe modéré changeront la réalité du Moyen-Orient et le monde en général ».

Selon la vision du monde de Lieberman, un accord avec les Palestiniens sera un sous-produit de ce processus global. « Si nous savons comment aboutir à ce stade, nous n’avons plus besoin du Qartett », a t-il dit. Selon Lieberman, l’Autorité Palestinienne est effrayée et n’est pas du tout capable d’atteindre le moindre accord avec Israël par lui-même. En autres choses, elle craint les centaines de milliers de réfugiés palestiniens susceptibles de déferler dans la bande cisjordanienne de Judée-Samarie, l’AP n’étant absolument pas en mesure de leur garantir un travail. Par conséquent, affirme t-il, il n’y a qu’un accord global qui puisse apporter une solution à la question palestinienne (avec des possibilités d’emploi hors de ce territoire).

Et là, Lieberman entre au gouvernement alors qu’il existe un plan égyptien sur la table en vue d’un arrangement global. Désormais c’est entre ses mains. A présent, on pourra mesurer en quoi ses déclarations sur le sujet tiennent la route, et dans quelle mesure Israël comme les pays arabes sont, ou pas, prêts à payer le prix pour relancer ce processus. Lieberman devra prendre des décisions fatidiques depuis le début – certaines faisant preuve d’une certaine flexibilité, qui puisse comprendre certaines concessions faites aux Palestiniens, de la part des représentants des groupes politiques comme Habayit Hayehudi…

 

Par Alex Fishman

 

Publié le : 30.05.16, 00:05 / Israel Opinion

 

ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski

 

PS : Quoi qu’il en soit, il ne pourra s’agir que d’une « paix forte » ou « paix armée ». Texte intéressant dans la mesure où il évoque une possible convergence régionale que nombreux partenaires recherchent. A cette occasion, cependant, il serait bon que le lexique journalistique change, sachant que par définition, les concessions se font des deux côtés, alors que jusqu’à présent, on a toujours le sentiment que seul Israël est concerné par les guerres qu’il a gagnées. En l’occurrence, concernant l’Egypte, les « concessions » et entorses à la lettre exacte du traité de 1979 sont fréquemment entamées sans que cela mette en péril les défenses d’aucun des deux partenaires, au contraire. Il faut donc, tout simplement, que les Palestiniens renoncent à tous leurs rêves de remplacement de l’Etat juif par un grand Etat palestinien. Avigdor Lieberman partage une vision avec le Général Giora Eiland, reposant sur des échanges territoriaux entre ceux à dominante juive et arabe, jusqu’à un état d’équilibre complet. La composante économique pourrait grandement contribuer à répondre aux questions en suspens. 

 

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ABRAHYAM

Al-Sissi porteur de la vision de la paix d’Avigdor Lieberman ?

Le Président égyptien SISSi a raison, la paix au Proche-Orient, ne peut être établie par les hommes politiques de droite. Car, ils sont seuls à faire des concessions sur le plan national sans être contestés et être accusés de trahison.
Les exemples sont multiples de par le monde et aussi en Israël, ce sont Sadate et Béguin qui signèrent le premier traité de paix entre l’Etat des Juifs et l’Égypte musulmane.

La paix approche, car l’islam sunnite et aujourd’hui la Ligue Arabe chapeauté par l’Arabie Saoudite wahhabite et salafiste sont plus réalistes. De plus l’islam chi’ite patronné par les ayatollahs perses fait peur par sa violence et sa détermination au monde sunnite.

gerardn

Lieberman n’a aucune position sur rien, ses idées sont à géométrie variable , ses seules certitudes se résume a savoir comment rester au pouvoir.Il est inutile à Israel .

rc

à croire que LIBERMAM fait trembler tout les pays arabes,kol akavod LIBERMAN,il faut mater ces palos qui veulent tout ISRAEL,et proteger nos soldats,montre leurs que tu as quelque chose dans le pantalon.

amouyal

Lieberman a parfaitement raison d’envisager un delestage de centaines de milliers d’arabes « israéliens » , il faut effectivement dessiner des frontieres viables qui redonne a Israel une ecrasante majorité juive , et surtout s’adosser sur la jordanie car a terme , palestiniens et jordaniens ne formeront qu’une entité