La meilleure façon de pénétrer la réalité d’un pays est de se donner du temps pour le faire, de s’immerger au cœur du quotidien et de la population.
Ce facteur temps qui manque tellement au reporter d’aujourd’hui bousculé par la rentabilité immédiate et exigeante du scoop au quotidien.
Les différents terrains brûlants de l’actualité n’étant plus propices à la présence curieuse de journalistes – on voit ce qu’il en coute à Clotilde Reiss pour quelques lignes sur les manifestations en Iran- les reporters du monde entier, prudents et prévenus ont un asile des plus sécuritaires pour le scoop alimentaire : Israël
De nos jours, une démocratie véritable est plus simple à déchiqueter.
On en connaît les règles et les failles. Les monarchies et dictatures voisines ne se laissent pas dévorer de si bon appétit.
Obéissant à notre désir de comprendre le terrain, nous avons parcouru plus de 4000 km dans ce pays grand comme la Bretagne, qui fait douze kilomètres de large à la hauteur de Netanya.
Villes, plages, centres d’étude et d’intégration, Kibboutzim ou mochavim, nous sommes allés là où notre intérêt nous poussait, au contact direct et sans préparation de la population multiple et multicolore d’Israël.
A notre grand étonnement nous avons découvert des hommes et des femmes totalement libres de leurs opinions. Autocritique et autodérision se mélant sur le ton de l’humour grinçant.
Opinions critiques acerbes et sans concession des différents gouvernements israéliens comme des gouvernements étrangers qui se livrent à un odieux jeu de pression vécu comme du chantage.
Cursus rafraichissant et libératoire.
Plutôt que de tenter de démontrer l’indémontrable, en quelques rapides flashes de « choses vues », nous soumettrons de simples constats au jugement du lecteur.
Raison d’Etat oblige
De retour en France après cette longue absence, coupés de l’information en cours, nous découvrons avec intérêt l’amoncellement d’évènements « locaux » qui donnent à réfléchir.
Deux jeunes femmes sont otages d’une dictature sans nom, dont un ministre éminent est recherché par Interpol pour terrorisme actif. Mais baissons la voix et donnons de la caution – pas de méprise ce n’est pas une rançon cher lecteur- pour dire haut et fort que la justice de ce pays fonctionne.
Il y a du pétrole là-dessous voyez vous, raison d’Etat oblige.
Hans-Rudolf Merz,le président de la Confédération Suisse se rend personnellement en Libye pour s’excuser d’avoir selon la loi démocratique de son pays arrêté « certes un peu rudement »un galopin fils de tyran qui violentait ses domestiques.
L’affaire est juteuse et la quasi-totalité des avoirs libyens vont réintégrer les banques suisses.
Raison d’Etat financière oblige !
Des Yacht de luxe disparaissent en France et se retrouvent maquillés prêts à la cession mafieuse à de hauts dignitaires tunisiens conscients ou pas du détournement.
Abandonnons bien vite des poursuites qui pourraient nuire à la bonne entente de l’« Union méditerranéenne ».
Raison d’Etat politique oblige !
Le seul terroriste arrêté après le terrible attentat de Lockerbie est remis en liberté et accueilli en triomphateur dans son pays. Il est libyen, en phase terminale d’un vilain cancer. Deux raisons évidentes pour relever d’un traitement humain privilégié.
Six concessions pétrolifères en cours ? Honni soit qui mal y pense.
Raison d’Etat économique oblige !
Aftonbladet quotidien suédois en vue publie un article intitulé « Les organes de nos fils pillés ». Cet article affirme que les soldats de Tsahal prélèvent des organes sur des Palestiniens morts pour en faire commerce.
Tsahal est tenu de prouver son innocence. Donald Bostrom le brillant auteur de cette mascarade n’est nullement tenu,pour sa part, à fournir les preuves de ce qu’il avance.
Comme ont été dispensées de le faire Sarah Daniel et Madame
Boumedienne, députée européenne lorsqu’elles ont énoncé d’absurdes calomnies sur Israël.
La Suède pays le plus islamisé d’Occident après la Grande–Bretagne ?
Raison d’Etat démographique oblige !
Sur une radio périphérique, un chroniqueur bien connu exige la libération de Salah Hamouri détenu injustement selon lui dans les prisons israéliennes.
Le même Salah a été reconnu coupable de préparer un attentat contre le grand rabbin Ovadia Yossef en tentant de dissimuler une bombe de gros calibre dans l’une des livraisons du rabbin. Il n’est jamais revenu sur ses intentions.
L’ambassade de France lui rend visite régulièrement, sa famille lui téléphone, il poursuit des études et reçoit livres et colis.
Sur la même onde, un journaliste fait remarquer au chroniqueur que Guilad Shalit est prisonnier du Hamas depuis 1154 jours.
Réponse du précédent : Hamouri est prisonnier d’un état reconnu, nous devons lutter ; Shalit est entre les mains du Hamas qui n’est pas reconnu, nous ne pouvons donc rien leur demander.
Magnifique rhétorique.
Prisonnier de la Nuit et du Brouillard pourrait-on dire. Est-il seulement vivant. Le doute sur Ron Arad a duré plus de vingt ans.
Qui s’en soucie ?
Raison d’Etat médiatique oblige !
La morale est morte dans tout ce fatras. Camus ne serait pas fier de la nouvelle condition humaine.
Comme me l’a confié un jeune Israélien inconnu, rencontré à la terrasse d’un café :
La différence c’est que « là-bas vous passez votre vie à vous justifier face à la vague montante de l’intégrisme ; ici on se contente de vivre et de se défendre et c’est plus digne de l’être humain ».
Ca vous gratouille ou ça vous chatouille, messieurs les « scoopy »* d’un jour ?
JosianeSberro ©Primo 23-08-09
*Allusion au surnom de Charles Enderlin, journaliste pour France Télévision

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