De nouvelles révélations soulignent l’indulgence dont les Etats-Unis ont fait preuve, après guerre, vis-à-vis d’ex-agents du IIIe Reich. Ils n’ont pas été les seuls.

Otto von Bolschwing est mort sous le soleil de Sacramento (Californie), le 9 mars 1982. Il avait 72 ans et plusieurs vies derrière lui. Dans la première, ce rejeton de la noblesse allemande, membre des services de renseignement de la SS – l’ossature nazie du IIIe Reich – a exercé ses talents d’agent secret en Palestine. Devenu aide de camp du responsable des Affaires juives, Adolf Eichmann, il s’est attelé avec zèle à l’élaboration du programme d’extermination des juifs d’Europe.

Après la guerre, le capitaine von Bolschwing a rejoint les rangs de la CIA, sous le nom de code de « Grossbahn ». En récompense de ses loyaux services, ses nouveaux maîtres lui ont offert une deuxième vie aux Etats-Unis, où l’ancien SS s’est taillé une belle carrière dans l’industrie. Jusqu’à devenir, en 1969, président de l’entreprise californienne de high-tech TCI.

Dix ans plus tard, la justice l’a rattrapé. L’Office of Special Investigations (OSI), créé au sein du ministère de la Justice pour débusquer les anciens nazis installés chez l’oncle Sam, a exhumé son dossier. Et découvert que la CIA avait fermé les yeux sur les antécédents vert-de-gris de son protégé. Déchu de sa nationalité américaine, von Bolschwing a échappé à l’extradition pour cause de santé chancelante.

Cette histoire édifiante figure dans un rapport de 600 pages, dévoilé à la mi-novembre par le quotidien The New York Times, qui dresse le bilan de l’OSI, de ses succès, de ses tâtonnements et de ses échecs. Le document révèle surtout l’ampleur des manoeuvres et des manipulations orchestrées par les autorités et les services de renseignement américains afin de permettre à d’anciens nazis, scientifiques de haut vol ou dignitaires du régime, de trouver refuge aux Etats-Unis. Et de mettre leurs compétences au service de leurs hôtes.

Même Israël

Une « collaboration du gouvernement avec les persécuteurs », dixit le rapport – dont les Etats-Unis n’ont pas eu l’apanage. « Même Israël a recruté d’anciens SS, souligne l’historien israélien Tom Segev. A commencer par Walter Rauff, l’inventeur des chambres à gaz mobiles, et le lieutenant-colonel Otto Skorzeny, champion des opérations commandos, qui a libéré Mussolini en 1943. »

Skorzeny avait mis une condition à sa collaboration avec les services de renseignement de l’Etat juif: que Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis, biffe son nom de la liste des criminels de guerre les plus recherchés. « Wiesenthal a dit non, rapporte Segev, qui vient de publier Simon Wiesenthal, l’homme qui refusait d’oublier (Editions Liana Levi). Et Skorzeny a tout de même travaillé pour Israël. »

Des décennies plus tard, le sujet reste sensible. Tellement sensible que le département américain de la Justice a tenu sous le boisseau pendant quatre ans le rapport consacré à l’OSI…

Des diplomates très compromis

Un autre rapport a secoué l’Allemagne, à la fin d’octobre. Commandé voilà cinq ans par l’ex-ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer, celui-là devait faire la lumière sur le rôle de la diplomatie sous le IIIe Reich. Le résultat est accablant. Les 6000 membres du corps diplomatique ont « presque tous » participé aux persécutions contre les juifs et à leur extermination.

Pis: la mainmise des tenants de l’idéologie hitlérienne n’a pas disparu après la guerre. En 1952, 49 des 75 directions du ministère étaient entre les mains d’ex-agents nazis. Quant à la « cellule de protection juridique », elle a fourni des renseignements à des criminels de guerre en fuite. Comme à Klaus Barbie, le « Boucher de Lyon », condamné en 1987 pour crimes contre l’humanité.

Par Anne Vidalie, publié le 05/12/2010
EXPRESS.fr

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Jean

Yankel ,

Qui parle d’ignorer ou d’oublier ? A preuve les réactions , à juste titre , vives encore et tant mieux car nos frères ont été massacrés souvent sans sépulture ,SANS RAISON , atrocement et toute l’action des militants de la mémoire_ ne le sommes pas tous ,Sepharades , Ashkénases ?_ n’apaisera jamais la douleur dans la conscience collective juive .

Mais au moment d’un jugement ou de prises de décision importantes , la culpabilité INDIVIDUELLE doit toujours être appréciée à sa juste mesure si possible bien sûr

Si être nazi a consisté pour un individu à avoir sa carte au parti N.S.D.A. P., si cela n’a pas entraîné forfaits ,crimes, horreurs ,appels à la haine …mais a été une solution individuelle pour certains de survivre , que voulez vous faire ?

N’avons nous pas les exemples illustres de Kurt Waldheim et du dernier pape ?

Bien sûr , eux ont survécu ,à l’horreur nazie alors que les nôtres ont été emportés , massacrés mais de cela , nous ne pouvons rien dire d’essentiel car en la matière c’est la culpabilité EFFECTIVE d’individus qui compte , et qui est la mesure de la réprobation ou de l’action d’une justice que nous sommes en droit de revendiquer

jankel

72 ANS,,,, IMPOSSIBLE !
Relisez ce que vous écrivez!!!!!
Vous découvrez le fil à couper le beurre ???????
Seuls les Américains et les juifs US veulent ignorer cela encore aujourd’hui!

Jean

A propos de la période nazie, il convient de faire la distinction majeure, celle de S.S. et celle de nazi:

Les premiers , membres du service d’ordre ,garde à l’origine rapprochée de Hitler ,dans l’ensemble du parti N.S D. A. P.,étaient l’avant garde des sections d’assaut (S.A. )éliminées lors de la nuit des longs couteaux . Les S.S. sont devenus ces barbares criminels qui ont été les plus actifs dans l’élimination de nos frères et de l’ensemble des opposants au nazisme et leurs sévices, sur tous les théâtres de la guerre se sont poursuivis, jusqu’à la fin .

Les nazis , eux ,

Terme à l’expressivité forte , repoussante, effrayante car on n’ a pas , à juste titre ,fait de distinctions chez les adeptes de Hitler,

Etaient les adhérents ou militants du N.S.D.A.P.,parti devenu vite unique,arrivé au pouvoir par le jeu des élections ,puis s’imposant seul, au moyen de la terreur .Un tel parti supposait l’embrigadement de l’ensemble de la société ,y compris des enfants dans des organisations de scouts, de sports …

Qui dans une telle société totalitaire décrite par Hanna Arendt (entre autres ) pouvait échapper à un tel ilotage et tenter d’avoir une vie à peu près normale ? Aussi comprenons nous que la majorité des Allemands ,antérieurement traversés par tous les courants politiques, philosophiques ou religieux européens,aient adhéré à un tel parti ne serait ce que pour avoir du travail ou pour être soignés

Les juges avaient ,après guerre ,à évaluer ,jusqu’à quel point l’adhésion au national socialisme était active pour tel individu et surtout par quels actes ils ont été suivis .