Je viens de me rendre compte d’un phénomène linguistique curieux: en français, tous les pays, à l’exception de certaines îles-pays, sont précédés par un article défini ou un pronom variable, comme disent les grammairiens; à savoir le, la, les. On dit en effet: la France, le Kurdistan, les Etats-Unis, la Turquie, les Pays-Bas… Faites l’expérience, ça marche à tous les coups.

Comme j’ai la manie de me poser des questions que personne ne se pose en général, j’ai essayé de savoir pourquoi ? En faisant une rapide recherche j’ai découvert que des îles comme Chypre, Singapour, Madagascar, Oman, Malte , Cuba et quelques autres étaient dispensées du le-la-les d’usage.

Pour ce qui est de Chypre, le nom serait dérivé soit du cyprès (l’arbre) soit du mot cuivre ou bronze, en je ne sais quelle langue; les spécialistes divergent. Donc, le nom de cette charmante île provient d’un végétal ou d’un minéral mais il serait absurde de l’appeler « le Cyprès » ou « le Cuivre ». Le nom de Malte viendrait de Melitus qui signifierait miel en grec. Cuba signifierait en langage Taino « là où les terres fertiles sont abondantes », et ainsi de suite.

Les autres pays, en règle générale, portent le nom de leurs premiers habitants: les Francs, les Danois, les Kurdes, les Etats-uniens… Et Israël, alors ? Ce n’est pas une île à priori, bien que le pays nage dans un océan d’hostilité, et pourtant, elle ou il, est dispensé(e) du pronom variable le ou la . Pourquoi ? Israël est le seul pays à ma connaissance, à porter le nom non pas d’un métal, d’un arbre, d’un aliment, d’une caractéristique géographique, mais d’un homme. Israël est en effet le nom que reçut Jacob après sa lutte homérique avec l’ange.

Lorsque les pères fondateurs de l’état cherchèrent un nom pour désigner le pays à naître, ils pensèrent aussi à « Yéhouda », ce qui, du point de vue historique, se justifiait mieux; les 10 Tribus d’Israël s’étaient perdues corps et âme au delà du fleuve mythique Sambation, ou plus prosaïquement s’étaient assimilées parmi les nations. Mais de toutes façons , on n’aurait pas pu désigner l’Etat des juifs par « le Yéhouda ». Donc, l’Etat d’Israël, bien qu’il ne soit pas une île, serait le seul pays à ne pas être tributaire d’un article défini, en français, puisqu’il se réfère à un nom propre, voire à un conglomérat de Tribus disparues.

Ce phénomène linguistique ne se pose pas en anglais et dans d’autres langues, pourquoi le retrouve t-on dans la langue de Molière ? Autre question: pourquoi les musulmans n’ont pas désigné leur pays, ou un pays, « Ismaël », comme les juifs l’ont fait avec Israël ? Je laisse la réponse à la première question aux grammairiens et aux linguistes, mais je vais tenter de répondre à la seconde. Les Jordaniens ont choisi de se faire appeler par le nom du fleuve Jourdain, les saoudiens ont pris le parti de se définir par rapport à une dynastie, et les palestiniens se réfèrent à la terre des Plistin, et plus vraisemblablement, à la dénomination décrétée par les Romains, lorsqu’ils ont tenté d’effacer toute trace des juifs sur la terre sainte.

Je distingue une autre raison, c’est le peu de cas que font en définitive les musulmans d’Ismaël, pourtant fils d’Abraham, mais aussi d’Agar la servante, complètement occultée, et ce, alors que le Coran précise qu’Abraham a tenté de sacrifier Ismaël et non pas Isaac, d’où l’Aïd el Kébir et le sacrifice du mouton. Ismaël, à l’instar d’autres prophètes homologués dans le Coran; voir mon article à ce sujet, est noyé dans la masse, un parmi d’autres; même Jésus lui est supérieur dans la hiérarchie prophétique islamique. Et pourtant, il devrait, en toute logique, figurer en tête des personnages fondateurs de l’entité islamique, tout au moins sur un plan symbolique. Il est intéressant d’ailleurs de constater que bon nombre de rabbins du temps du Talmud s’appelaient Ismaël, ce qui montre bien la considération que portent les juifs à ce personnage. Je vois mal, à contrario un Musulman se faire appeler Israël. Malgré tous les emprunts qu’on faits les musulmans à la Bible, à commencer par les patriarches, les rois, les prophètes, on sent bien qu’Ismaël ne compte pas vraiment et, par voie de conséquence, les emprunts faits à la Torah sont secondaires dans la religion musulmane.

Donc, pour faire simple, Israël est le seul pays au monde, jusqu’à preuve du contraire, à être désigné par le nom d’un de ses pères fondateurs et/ou par un Etat composé de dix tribus disparues, et n’a pas besoin à ce titre ni de la ni de le pour exister. Je gage que parfois ça doit donner de l’urticaire aux autres Etats. Un pays qui n’a pas besoin d’article, se démarque des autres et se prononce plus fièrement; en français du moins. Cette singularité grammaticale vient se rajouter aux nombreuses autres spécificités de l’Etat juif. Personne ne la mentionne mais elle doit suivre son chemin dans l’inconscience des nations et des individus; une autre raison d’antisionisme primaire, sans doute!!

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