Hezbollah n’agresse pas Israël, il n’y aura pas de guerre, pas de victimes ni de destructions

Il est beaucoup question, ces jours, de la possibilité d’une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et l’Etat d’Israël.

C’est dans ce contexte que notre 1er ministre, Saad Hariri, s’est rendu à Paris afin, officiellement, de demander l’aide du président Sarkozy pour dissuader nos voisins du Sud d’attaquer le Liban.

Derrière le paravent de l’officialité – vous commencez à savoir, chers lecteurs de la Ména, qu’en Orient on n’expose jamais ses mobiles véritables – c’est autre chose que le fils de Rafic est allé solliciter de la part du pensionnaire de l’Elysée.

Il lui a simplement demandé, qu’en cas d’attaque des Hébreux, en réponse à une hypothétique agression des Fous de Dieu, ils ne ravagent pas le pays au cèdre dans son entier.

S’ils désirent détruire la milice chiite, notre président du Conseil n’aurait rien à redire, car il n’y a rien qu’il ne souhaite autant que l’écrasement d’Hassan Nasrallah et de sa bande de dégénérés.

Mais que les Israéliens épargnent les sunnites, les Druzes et les chrétiens, qui subissent la loi du Hezb et qui ne contrôlent pas ses actes !

Que les amis de Nicholas à Jérusalem n’anéantissent pas les infrastructures du pays pendant qu’ils punissent les porte-flingues d’Ahmadinejad et d’Assad.

C’est toujours du même scénario dont nous parlons : une opération de l’Etat hébreu contre les installations stratégiques en Perse.

Phase II : la question que tout le monde se pose à Beyrouth, Nasrallah obéirait-il aux ordres évidents de ses commanditaires en ouvrant un second front contre Israël ?

Ici, certains observateurs pensent que le Hezbollah, soucieux de ne pas s’exposer à son écrasement, se contenterait d’une action symbolique ultra-limitée, histoire de montrer à Téhéran qu’il s’associe à son effort de guerre.

Mais cette action serait à ce point circonscrite et inoffensive, que même ceux d’en-face comprendraient sa fonction et ne riposteraient pas par une offensive généralisée.

D’autres, les pessimistes, arguent que les milices chiites sont si puissamment encadrées par des officiers iraniens, que ces derniers, dont ce serait la tâche au Liban, pousseraient les hominidés armés de Nasrallah à commettre l’irréparable.

Un troisième groupe de Libanais, nettement le plus nombreux, ne se contente pas d’observer, mais fait entendre sa voix, selon laquelle la milice chiite n’a pas le droit d’entraîner le pays dans un conflit qui ne le regarde pas, ajoutant que seul notre gouvernement possède le privilège de choisir entre la paix et la guerre.

Quels que soient les avis – il y en a autant que de communautés religieuses, le Liban n’existe plus, chacune de ces communauté constitue un mini-Etat – nous savons tous fort bien que les Israéliens n’ont aucun intérêt à nous attaquer, et que leur vœu le plus cher est, au contraire, que le calme demeure le long de leur frontière septentrionale.

Certes, sur notre territoire, les zones militarisées de non-droit, saisies par les chiites et leurs alliés s’étendent et s’arment. Ainsi, il existe désormais quatre bases de missiles sol-air, trois grandes et une plus petite, toutes servies par des Pasdarans, les gardiens de la révolution khomeyniste. Des bases dont l’accès est interdit à nos policiers, nos soldats et à notre justice.

Mais ceux qui s’imaginent que les Hébreux se risqueraient à mettre le feu aux poudres à cause du déploiement de ces missiles aux performances surannées sont dans l’erreur. D’ailleurs, les Iraniens se gardent bien de les utiliser contre les chasseurs-bombardiers frappés de l’étoile de David, qui sillonnent notre espace aérien plusieurs fois par semaine.

Car si un seul missile était tiré dans leur direction, il ne fait aucun doute que les bases seraient rayées de la surface de la Terre dans les heures qui suivraient.

Vous saisissez, en lisant cette affirmation cassante, que les aéronefs des voisins possèdent, au-delà de tout doute sensé, la capacité de se débarrasser de ces armes dès qu’ils le souhaitent. Vous vous demandez alors probablement, de façon cartésienne, « si c’est le cas, et si tout le monde est au courant, quelle raison les Iraniens ont-ils de déployer ces engins sur notre sol ? ».

Cette interrogation possède une réponse logique : retarder la riposte des Israéliens contre des objectifs au sol en cas d’éclatement d’un conflit.

Il faudrait, en effet, pour qu’ils ne soient pas gênés par ces missiles, que les avions sionistes les liquident avant que de pouvoir se consacrer totalement à l’appui de leurs troupes au sol, ainsi qu’à la chasse aux lanceurs de roquettes du Hezbollah.

Entre-temps, les miliciens auraient le temps de déverser des milliers de projectiles sur le nord et le centre du pays hébreu. C’est du moins le plan et l’espoir des khomeynistes. Aménager quelques heures aux hommes de Hassan Nasrallah afin qu’ils puissent enregistrer quelques coups au but, avant que ne s’enclenche la déferlante qui s’abattra sur eux. Ces pseudo-succès sont primordiaux pour la propagande iranienne et hezbolliste.

Ils ont besoin, qu’en riposte à une éventuelle attaque israélienne contre les usines nucléaires et les fabriques d’armes en Iran, la population perse, le monde arabe, et les Libanais puissent, sur leurs postes de télévision, voir quelques bâtiments juifs détruits, quelques larmes sur les joues de leurs ennemis, et quelques ambulances hurlantes dans leurs rues.

C’est à peu près le seul objectif que l’Axe du Mal peut raisonnablement ambitionner en menant une guerre à partir de notre sol.

En plus d’un second, mais qui reste à démontrer, qui veut que les appareils qui participeraient à des raids contre les missiles de Hezb seraient indisponibles pour les actions en Iran.

Encore faut-il savoir combien de temps cela prendrait-il aux aviateurs en provenance de Métula pour les réduire en cendres ; « moins de temps qu’il faut pour l’écrire », si l’on en croit notre expert en armement Jean Tsadik.

Dans les circonstances qui prévalent, la montée de la tension est absolument compréhensible. Elle ne va faire que s’accroître dans les jours et les semaines à venir, car l’intervention israélienne contre l’Iran est dans l’air. A Beyrouth, certes, mais également dans les dires de Nicholas Sarkozy à Paris, ceux d’Angela Merkel et ceux des spécialistes américains de la défense.

J’estime que nous sommes à présent au niveau d’alerte 4, sur une échelle qui en compte cinq. Si on devait passer au niveau supérieur, n’importe quelle petite étincelle pourrait amorcer l’explosion.

Cette semaine, nos voisins méridionaux vont s’adonner à de grandes manœuvres militaires à proximité de leurs frontières libanaise et syrienne. C’est toujours un sujet de contraction supplémentaire, car chacun sait qu’il n’y a rien de tel que des soi-disant manœuvres, si l’on entend déclencher une offensive.

Imaginons que, durant ces exercices, Jérusalem s’en prenne à Téhéran, ses troupes seraient déjà en position pour répondre au Hezbollah, faisant l’économie de nombreux jours de mobilisation et donc de battement.

N’allez toutefois pas déduire des lignes qui précèdent que c’est ce que la Ména prévoit, car nous n’avons strictement aucun indice qui nous le ferait penser. J’ai simplement mentionné une constante dans l’art de la guerre, telle qu’elle est enseignée en 1ère année dans toutes les bonnes écoles militaires.

Maintenant, dans l’hypothèse du pire scénario pour le Liban – opération israélienne contre l’Iran et ouverture d’un second front par le Hezbollah – que devons-nous attendre d’un tel conflit ?

A n’en point douter, Tsahal est prêt et ne reviendra assurément pas sur ses hésitations de 2006. Distinctement aussi, une campagne des Hébreux contre le Hezbollah serait vraisemblablement la plus musclée de tous les conflits s’étant déroulés entre nos deux pays.

A cela, une raison stratégique : l’Etat hébreu est un petit pays, son armée est une armée de milice, facteurs qui font qu’il ne peut s’exposer longuement sur deux fronts.

En cas de confrontation, l’armée libanaise s’attend donc à une guerre éclair, avec préparation d’artillerie sur les villages dans lesquels les miliciens chiites se sont retranchés, et non pas autour des villages, comme en 2006.

Avec trois colonnes terrestres, plus que probablement, s’enfonçant ensuite sur les axes d’invasion traditionnels : la route du littoral, le Chouf et le long de la frontière syrienne, aussi profondément que nécessaire pour faire taire les tireurs de roquettes.

Selon un officier supérieur que j’ai questionné cette semaine, le blitz jusqu’à l’axe Beyrouth-Damas durerait une semaine au maximum et rien ne pourrait l’entraver sérieusement. Ensuite, il faudrait une dizaine de jours aux Israéliens pour nettoyer les poches de résistance et se saisir des arsenaux.

Et l’armée libanaise, dans cette hypothèse ?

– Elle ne bougerait pas une oreille, à part les quelques commandements chiites, qui sont déjà difficilement distinguables des milices chiites, portant souvent les même uniforme.

Les forces nationales demeureraient dans leurs casernes, en espérant que l’envahisseur les épargne, pour que nous puissions, ensuite, rétablir la souveraineté et l’ordre nationaux sur l’ensemble du territoire. C’est également dans l’intérêt des Israéliens de ne pas laisser le vide après qu’ils se replieront.

Et la Syrie, qui menace d’intervenir si le Liban est attaqué ?

– « Paroles, paroles », fait le colonel en s’appuyant d’un mouvement aller-retour de la main. S’ils entrent en conflit, ils auront encore plus à perdre que nous : dans le cas où Israël devrait se battre sur trois fronts, il se montrerait terriblement expéditif et vénéneux.

Et la FINUL dans tout cela ?

– C’est l’ONU et les Occidentaux qui sont à la base de la déstabilisation militaire que nous subissions. Ils ont imposé le vote de la (résolution) 1701, mais ils se sont frileusement abstenus de la mettre en pratique. Ils avaient pris sur eux de nous débarrasser de toutes les forces armées non-gouvernementales au Liban.

Depuis le redéploiement de la FINUL en 2006, il n’y en a jamais eu autant et aussi puissamment armées.

En cas de conflit, les casques bleus joueront à sauve qui peut, ils n’ont rien d’autre à faire.

En fait, la démarche de Saad Hariri à Paris était superflue : les Israéliens, quoiqu’il advienne, ne s’en prendront pas aux villes et villages druzes, sunnites et chrétiens – à moins qu’ils n’abritent intentionnellement des cellules de la milice – car ils ne l’ont jamais fait.

De plus, les Hébreux n’en veulent ni au Liban en tant qu’Etat, ni à ces populations.

Deux aspects restent dans le brouillard en cas de déclenchement d’une guerre : le sort des infrastructures et le destin des villages chiites du Sud.

La destruction ou non de nos infrastructures dépendra, d’une part, du degré de collaboration ou de non-collaboration entre nos institutions publiques et le Hezbollah. Au cas on notre gouvernement ne prendrait pas, le moment venu, ses distances avec les Hezbollanis, nous pourrions devoir en payer le prix cher.

source MENAPRESS

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