Le jeûne du 10 téveth s’inscrit dans la liste des jours de deuil marquant la destruction du Temple de Jérusalem, avec le 3 tichri, date de l’assassinat du gouverneur de l’autonomie autorisée par Nabuchodonosor, mettant fin à l’autonomie juive en Palestine, le 17 tamouz, qui marque la brèche de la muraille de la capitale, et le 9 av, destruction des deux Temples.

Le 10 téveth marque la fin de la vie relativement libre des Judéens, avec le début du siège de Jérusalem imposé par l’empire babylonien. Ce siège dura jusqu’à la chute de la ville, en 3338.

Dès le début du jour, on commence à jeûner. Le 10 téveth n’est pas reporté à une autre date, et il est observé le vendredi quand le cas se présente. Il est toutefois permis de se laver et donc de se préparer pour le shabbat.

En principe, il est permis de manger dès la sortie des étoiles, mais le jeûne sera interrompu avec le kiddoush (sanctification) du vendredi soir. «Le jeûne du quatrième mois, et du cinquième ; du septième et du dixième (10 téveth) seront changés pour la maison de Yéhouda en joie et allégresse, et en jours de fêtes.» (Zacharie VIII, 19).

Ce jeune tombe cette année le vendredi 17 décembre 2010, commence à 6h54 (Paris) et fini avec le kidouch de vendredi soir à l’entrée du shabbat.

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Le dixième jour du mois de tevet (hébreu : עשרה בטבת‎ Assara BeTevet) est la date de l’un des quatre jeûnes prescrits par les prophètes.

Il marque en effet le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II qui s’achève par la destruction du Temple de Salomon, la conquête du royaume de Juda et l’exil à Babylone.

Il a lieu sept ou huit jours après la fin de Hanoucca (mais sans rapport avec cette fête), en décembre ou en janvier selon les années.

Dans la Bible.

Le prophète Jérémie et le chroniqueur du Livre des Rois rapportent, en termes quasi-identiques, qu’après que Sédécias ait fait le mal aux yeux de D.ieu et soit entré en révolte contre Babylone:

« dans la neuvième année de son règne, le dixième mois et le dixième jour du mois, Nabuchodonosor, roi de Babylone, marcha avec toute son armée contre Jérusalem ; il campa sous ses murs et on éleva des retranchements sur tout son circuit. La ville subit le siège jusqu’à la onzième année du règne de Sédécias1. »

Au même moment, Ézéchiel, déjà déporté en Babylonie avec la suite du roi Joaquin dix ans plus tôt, écrit, enjoint par la parole divine:

« le nom de ce jour, du jour même où nous sommes car »>Article original le roi de Babylone prend le contact de Jérusalem aujourd’hui même. »

Il compare Jérusalem et ses habitants à une marmite en cuivre remplie de morceaux de viande de choix, brûlant jusqu’à la carbonisation des os, et le récipient lui-même débarrassé de son impureté et de sa crasse.

En effet, la « crasse » qui les imprègne ne saurait être éliminée que par la colère divine, exprimée par l’entregent de l’armée babylonienne.

Au cours de la onzième année de règne de Sédécias, un an plus tard, Jérusalem est détruite. Une importante partie de sa population est exilée ou déserte la Judée. Ézéchiel et l’ensemble des Juifs en Babylonie l’apprennent de la bouche de l’un de ceux-ci au 5 tevet de l’année suivante.

Environ un siècle plus tard, la carte politique du Moyen-Orient a changé :

l’empire perse de Cyrus II a vaincu Babylone et, autorise les Juifs à revenir à Sion. Zacharie prophétise alors qu’aux temps messianiques,

« le jeûne du quatrième mois, le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième se changeront pour la maison de Juda en jours d’allégresse et de joie ».

Dans la littérature rabbinique

Il a été déterminé, à l’issue d’une controverse entre Rabbi Akiva et Rabbi Shimon, que « le jeûne du dixième » désigne bien le 10 tevet, date du début du siège et non le 5 tevet, jour de l’annonce faite à Ézéchiel.

Cependant, la tradition rabbinique ultérieure commémore aussi d’autres évènements qui n’ont pas eu lieu le 10 tevet mais dans les jours qui le précèdent :

c’est un 8 tevet que la traduction grecque de la Bible hébraïque, la Septante, est achevée.

Ce jour est considéré comme un désastre car bien que cette traduction soit le produit d’un miracle (selon le Talmud, les 70 Sages travaillant isolément optent pour la même traduction de passages potentiellement litigieux), la polysémie des termes hébraïques se perd, ainsi que de nombreux enseignements et le sens profond des versets, quelle que soit la qualité de la traduction;
le 9 tevet est lui aussi un jour triste, bien qu’on n’en connaisse pas la raison, selon le Baal HaTourim.

Parmi les explications les plus populaires,

le 9 tevet serait la date du décès d’Ezra le Scribe (et, selon certains, de Néhémie).

Cette explication figure dans certains manuscrits des Halakhot Guedolot (le Baal HaTourim n’en ayant pas connaissance), qui précisent que les rabbins n’avaient pas donné la cause exacte.

Elle sera populaire au Moyen Âge et apparaît notamment dans le poème liturgique azkara metzouq asher qarani de Joseph Tov Elem.

le 9 tevet serait la date de naissance de Jésus de Nazareth, ainsi que le confirmerait un calcul astronomique d’Abraham bar Hiyya. Selon une autre tradition, ce serait la date de décès de Rabbi Shimon HaKalpus, dirigeant spirituel des premiers chrétiens, qui aurait instauré des pratiques les distinguant des Juifs tout en continuant à pratiquer « l’authentique judaïsme » en secret. Il aurait été ultérieurement connu sous le nom de Saint Pierre.

Le silence du Baal HaTourim et des rabbins sur la raison du deuil serait par conséquent une forme d’autocensure.

Observance du 10 tevet dans le judaïsme rabbinique.

Statut du 10 tevet

Les malheurs du 10 tevet sont commémorés (avec ceux des jours qui le précèdent) par l’un des quatre jeûnes publics instaurés par les prophètes.

Ce jeûne a, comme Yom Kippour, pour but d’inciter au repentir. Il est observé de l’aube au crépuscule et il est permis de manger la nuit.

Il marque un tel deuil qu’il doit être observé par les mariés dans la semaine qui suit leur mariage mais les femmes enceintes ou allaitantes et les malades en sont dispensés.

Le jeûne du 10 tevet a pour particularité d’être observé le jour où il tombe, même un vendredi (tout autre jeûne public est repoussé au dimanche suivant ou avancé au jeudi). Il devrait en être de même si le 10 tevet devait avoir lieu un chabbat mais la conformation du calendrier hébreu rend cette situation impossible, le 10 tevet ne tombe jamais un chabbat (ni un lundi).

Certains représentants des mouvances non-orthodoxes du judaïsme ont contesté la pertinence de ce jeûne, sur base d’une tradition consignée dans les écrits de Moïse Maïmonide qui envisage l’abolition des jeûnes dans un lointain futur utopique. Cette remise en question n’est pas acceptée dans le judaïsme orthodoxe et les courants traditionalistes du judaïsme conservative.

Liturgie

Le jeûne du 10 tevet, comme jeûne public, donne lieu à une bénédiction particulière aux jours de jeûne, Anenou (« réponds-nous »), intercalée dans la prière lors des offices de prière du matin et de l’après-midi. Dans la prière individuelle, les orants l’incluent dans la bénédiction shome’a tefila (sans hatima). Au cours de la répétition de la prière par l’officiant, celui-ci la récite après la bénédiction goël Israël (avec hatima).

La prière du Tahanoun inclut les selihot, poèmes liturgiques implorant le pardon divin (les rites ashkénaze et sfard ajoutent en outre la récitation de l’Avinou Malkenou). Trois hommes sont appelés pour la lecture de la Torah dans la parasha (section de lecture) vayehal Moshe (Exode 32:11-14 & 34:1-10), dans laquelle Moïse intercède en faveur de son peuple après la faute du Veau d’or24.
Lors de l’office de l’après-midi, les rites ashkénaze, sfard, géorgien et italien font suivre cette lecture de la haftara (section de lecture dans les Livres prophétiques) Darshou Hashem (Isaïe 55:7 – 56:8)24.

Lorsque le jeûne du 10 tevet a lieu un vendredi (comme en 2010), il est rompu à la tombée de la nuit, un certain temps après l’entrée du chabbat. C’est l’unique occasion où une parasha et une haftara sont lues un vendredi après-midi.

Cependant, le Tahanoun et l’Avinou Malkenou ne sont pas récités.

Observance du 10 tevet dans le karaïsme

Les Karaïtes, adeptes d’un courant juif scripturaliste (acceptant comme autorité la Bible hébraïque mais non sa tradition orale d’interprétation rabbinique) s’accordent avec le judaïsme rabbinique sur la date du 10 tevet comme jeûne du dixième mois mais leur liturgie est différente.

Ils ne commémorent pas les calamités des 8 et 9 tevet car elles n’ont pas de base scripturaire.

De plus, selon la détermination du calendrier karaïte par observation directe de la nouvelle lune et de la germination du blé, le « dixième jour du dixième mois » n’est pas forcément célébré à la même date (grégorienne) que le 10 tevet du calendrier juif.

Observance du 10 tevet en Israël

Peu après la déclaration d’indépendance de l’état d’Israël, ses deux Grands-Rabbins, Yitzhak HaLevi Herzog et Bentzion Ouziel, décrètent le 10 tevet Yom HaKaddish HaKlali (« jour du Kaddish public »), à la mémoire des victimes de la Shoah, dont la date du décès est pour la plupart inconnue.

Cette date est préférée pour plusieurs raisons par le public religieux au Yom HaShoah (jour de commémoration de la Shoah et du soulèvement du ghetto de Varsovie), institué en 1951 et officialisé en 1959 par le premier ministre David Ben Gourion et le président Yitzhak Ben-Zvi :

le Yom HaShoah a lieu le 27 nissan et la Loi juive interdit de porter le deuil en nissan ; le jeûne du 10 tevet est le plus court de l’année, aisé à observer, même par des personnes fragiles; selon le Grand-Rabbin Yisrael Meir Lau, commémorer la destruction des Juifs d’Europe à la date où les malheurs des Judéens commencent est un symbole d’espoir que ces malheurs s’achèvent..

Le jeûne s’accompagne donc en Israël (et dans quelques communautés de la Diaspora) de cérémonies de Yahrzeit (anniversaire de décès), avec récitation du kaddish par les endeuillés ayant perdu un proche dans la Shoah et allumage de nerot haneshama (« bougies pour l’âme »).

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