Lors des élections législatives de dimanche, les Turcs ont voté en majorité pour le parti islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002 Fort de sa victoire, Erdogan entame un troisième mandat. Au fil des années, cet ex-footballeur diplômé d’une école d’imams – décoré du « prix Kadhafi des droits de l’homme » et devenu le grand allié de l’Iran et du Soudan –, révèle un visage de plus en plus autoritaire et islamiste : mise sur écoutes et arrestation de politiques, intellectuels et journalistes anti-islamistes, violentes condamnations d’Israël et des juifs, accointances avec les entrepreneurs islamistes, confiscation des holdings de presse (groupe Dogan ou Uzan) tenus par des laïques… Ces derniers accusent Erdogan de vouloir détruire la laïcité d’Etat instaurée par le père de la Turquie moderne, Mustapha Kemal dit « Atatürk » (« le père des Turcs »).

Autre reproche : Erdogan a maintenu l’injuste disposition constitutionnelle qui empêche l’entrée au Parlement des partis ayant moins de 10 % des voix (seuil le plus élevé au monde). Certes, le parti pro-kurde Paix et Démocratie (BDP) a contourné cette loi en présentant des candidats indépendants, mais tant d’autres sont privés de représentation. Les deux seuls partis capables d’atteindre les 10 % sont le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste) et peut-être le Mouvement nationaliste (MHP, extrême droite).

Et l’adhésion à l’Europe ?

Quant à la candidature à l’entrée dans l’Union européenne, les Turcs sont de plus en plus réticents. Selon une enquête publiée le 1er juin par l’Institut de recherches Tesev, 36 % des Turcs n’envisagent pas d’adhésion avant dix ans et 30 % pensent que la Turquie n’y rentrera jamais.

Du côté de Bruxelles, les négociations piétinent : seulement 13 des 35 « chapitres » jalonnant les négociations d’adhésion ont été ouverts et un seul est clos…

Dans ses discours souvent violents, Erdogan en accuse Angela Merkel et surtout Nicolas Sarkozy, hostiles à l’adhésion turque. Mais la responsabilité première incombe au refus turc de reconnaître la République (grecque) de Chypre, île membre de l’Union européenne dont 37 % est occupée par l’armée turque. Et Ankara refuse toujours d’ouvrir ses ports et aéroports à la République de Chypre, ce qui viole le traité d’union douanière Turquie-UE.

Le rapport de la Commission présenté en mars dernier est d’ailleurs très critique envers Ankara. Paris s’oppose donc à l’ouverture de tout nouveau chapitre qui « préjugerait de l’adhésion », la position lucide de Nicolas Sarkozy (celle de la majorité des Français) consistant à proposer à la Turquie un « partenariat privilégié » et non une adhésion pleine, dont personne ne veut réellement tant en Europe qu’en Turquie.

Alexandre Del Valle – France-Soir

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Armand Maruani

Erdogan n’a pas changé et ne changera pas . De toute manière il a la trahison dans le sang. N’a t il pas trahi son « ami » Assad qu’il soutenait il y a peu de temps encore ? N’a t il pas trahi son allié Israël ? N’a t il pas trahi son propre peuple en remettant en cause les fondements de la laïcité de son pays ? etc..etc…Quelle confiance accorder à ce genre d’individu ? Sarkozy a raison la Turquie ne doit faire parti de l’Union Européenne . On ferait rentrer le loup islamiste dans la bergerie où l’ on verrait un Erdogan déguisé en petit chaperon rouge.