source : http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=16705&returnto=accueil/main&artyd=2 La cause palestinienne est emblématique à plus d’un titre et draine de multiples solidarités, passions ou/et actions. Au nom de cette cause, des associations militent largement, tout en entretenant entre elles de multiples liens. Ces associations ne sont cependant pas si nombreuses que cela, elles se retrouvent généralement ou principalement à gauche ou à l’extrême gauche de l’échiquier politique et mobilisent les militants de l’anti-globalisation et de luttes alternatives.

Aussi, l’appel au boycott des produits israéliens -qui est apparu très récemment en France ou dans d’autres pays européens (juin 2002)- est devenu une arme entre les mains des militants pro-palestiniens. Or, si ces activistes consacrent une énergie considérable pour tenter de médiatiser leurs actions, le CRIF dépense une toute aussi grande énergie pour dénoncer publiquement le caractère illicite des appels au boycott (1).

Cependant, l’ampleur du boycott contre Israël est difficile à apprécier, mais quelques (rares) signaux laissent penser que le mouvement s’accroît dans les pays scandinaves et en Grande-Bretagne. En France, les choses sont plus compliquées. Les militants pro-palestiniens sont très engagés politiquement et disposent de nombreux relais. Ils mènent une campagne agressive. On ne peut d’ailleurs exclure qu’ils détruisent des produits dans un supermarché ou dans un entrepôt, ou qu’ils paralysent leur transport.

Les promoteurs du boycott n’ont pourtant pas forcément la même stratégie. Certains visent les entreprises qui travaillent dans les territoires, d’autres toutes les entreprises israéliennes, sans exception aucune. D’autres vont plus loin, puisqu’ils recommandent un boycott culturel, universitaire et sportif, qui serait, selon eux, susceptible de mobiliser l’opinion publique et, par conséquent, les gouvernements (2).

Face à cette campagne, les amis d’Israël rétorquent que, dans la droite ligne de l’esprit qui régnait lors de les conférences contre le racisme à Durban, en Afrique du Sud (2001), ou à Genève (2009), le seul état du monde que l’on appelle à boycotter est l’état d’Israël. Tel est par exemple le sens de l’appel de Gabriel Steg : « Non au boycott d’Israël, Oui à la paix ! » : « Pas de boycott pour l’autorité palestinienne qui utilise les crédits européens pour diffuser à la télévision et à la radio des appels au Djihad et des prêches antisémites ! Pas de boycott pour l’Arabie Saoudite obscurantiste qui décapite les condamnés à mort publiquement !… Pas de boycott pour la Chine populaire qui occupe depuis des décennies un Tibet martyr ! Pas de boycott pour les états de la région dont les gouvernements règnent par la terreur, à commencer par la Syrie… qui a envoyé l’aviation bombarder sa propre population révoltée à Hama en 1982, qui emprisonne et torture ses opposants ! Une fois de plus, c’est l’Etat d’Israël et lui seul, qui est traité en « juif des nations ». »

Depuis les années 2002-2003, le CRIF mène donc une grande campagne en direction de l’opinion publique, des décideurs, des associations et des pouvoirs publics pour dénoncer les campagnes de boycott qui touchent et frappent Israël. Sans être exhaustif, nous relevons ici les dernières actions qui ont été entreprises par le CRIF, depuis le mois de mars 2009, pour contrer les actions de boycott.

– Le 20 mars 2009, Le CRIF Sud-Est prend connaissance d’une motion votée lors du congrès académique du SNES à La Londe des Maures, les 12-13 mars 2009, motion qui appelle au boycott d’Israël. Alain Belhassen, président du CRIF Sud-Est adresse un courrier de protestation à Richard Ghis, Secrétaire général SNES de Nice, afin d’exprimer sa vive émotion : « Au delà de la confusion des genres que cette motion entretient, elle dénote surtout un parti pris et un manque d’information flagrant … Les combats pour l’éducation sont multiples et suffisamment aigus pour que votre énergie se porte dans les domaines pour lesquels vous pourriez avoir une certaine expertise, ce qui ne saurait être le cas dans le conflit complexe du Proche-Orient. Les accords d’éducation entre la France et Israël, devraient vous réjouir et vous inciter à appuyer des accords similaires avec les Palestiniens. Vous seriez alors dans votre rôle plutôt que de fustiger des axes d’ouverture et d’échange, seules voies vers la paix et la création d’un Etat palestinien que le CRIF soutien », écrit Alain Belhassen.

Le 2 avril 2009, c’est dans une salle archicomble où avaient pris place les membres du Bureau exécutif du CRIF et ceux du Comité Directeur ainsi que de nombreux membres des différentes commissions, que le président du CRIF, Richard Prasquier, accueille le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, accompagné d’Éric Giraud-Telme, conseiller diplomatique. Lors de cette réunion, Richard Prasquier évoque largement cette question du boycott d’Israël.

Le 9 mai 2009, une action de boycott des produits d’Israël est menée par des militants pro-palestiniens dans une grande surface de Montigny-lès-Cormeilles (Val-d’Oise). Parmi les militants figurent la sénatrice (Verts) Boumediene-Thiery, ceinte de son écharpe tricolore, qui évoque une résolution du Parlement de Strasbourg de 2002 sur le gel des accords d’association UE/Israël. Or, à la suite des démarches entreprises par le CRIF pour protester notamment contre cette action de boycott, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, affirme que les actions « commandos » de boycott des produits israéliens menées depuis plusieurs mois dans des grandes surfaces sont « absolument inacceptables » et le choquent « profondément ». Interrogé sur ces actions, Luc Chatel rappelle, lors de son compte rendu hebdomadaire du Conseil des ministres, que « depuis le début de l’année, les services de police ont recensé une vingtaine d’actions de ce type dans des grandes surfaces ». Ces « actions commandos » menées par « une vingtaine de militants d’extrême gauche, sont absolument inacceptables ». « Il ne s’agit pas de violence physique, il s’agit plutôt d’une violence symbolique et d’une intimidation. En la matière, entre antisionisme et antisémitisme, la frontière est parfois très étroite », ajoute-t-il. « Cette parlementaire met en avant une résolution du Parlement européen de 2002. Je rappelle que les résolutions du parlement européen n’ont aucune obligation de mise en œuvre », conclut le porte-parole.

Dans un courrier en date du 31 mars 2009, à l’attention de Rachida Dati, Garde des sceaux, Richard Prasquier, président du CRIF, attire l’attention du ministre de la Justice sur des textes ou des vidéos postées sur un site Internet, afin d’empêcher la vente de produits israéliens et/ou de protester contre cette vente, dans de grandes surfaces. Richard Prasquier indique que ces actions sont susceptibles de constituer une infraction pénale au sens des articles 225-1 et suivants du Code Pénal.

 

« Une fois pour toutes, ces opérations sont illégales », insiste Richard Prasquier, président du CRIF, dans une interview publiée sur le site Internet de Rue 89 le 2 mai 2009, à propos des appels au boycott des produits israéliens en France, l’un des chevaux de bataille de la mouvance pro-palestinienne. « Israël est un Etat légalement reconnu. Ces actions sont toujours menées contre ce même Etat et cette fixation relève pour moi de l’antisémitisme », affirme-t-il.

Pour sa part, Eric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, informe le CRIF d’une question posée à Michèle Alliot-Marie, le 20 mai, à l’Assemblée nationale. Le député a demandé quelle réponse la ministre compte apporter à ces opérations qui «ont un fort relent d’antisémitisme ». Le député ajoute que ces actions « et ces appels au boycott sont interdits et ne peuvent plus rester sous silence et sans intervention des pouvoirs publics, car ils commencent à se banaliser. Il paraît donc nécessaire que des poursuites puisent être engagées contre leurs auteurs ».

Lassés par les actions violentes, haineuses et répétées des organisations antisionistes, un collectif « anti boycott et fier d’être sioniste » se donne rendez-vous devant le magasin Carrefour Bercy 2, mercredi 17 juin, afin de témoigner leur solidarité avec le peuple israélien. Après une prise de parole de Gilles Taieb, initiateur du rassemblement et de Richard Prasquier, président du CRIF, les plus de 200 personnes présentes se rendent à l’intérieur du magasin afin de faire des achats de produits israéliens.

Le 15 juillet 2009, le directeur du Cabinet de Michèle Alliot-Marie, ministre d’Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des libertés, informe le président du CRIF qu’il résulte de la consultation des documents appelant au boycott, publiés sur Internet, qu’ils sont susceptibles de caractériser l’infraction de provocation publique à la discrimination envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une nation déterminée, faits prévus et réprimés par l’article 24, alinéa 8 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

Le 8 juillet 2009, le président du CRIF exprime à Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du commerce, de l’artisanat, des PME, du tourisme et des services de la consommation, les préoccupations de tous ceux qui craignent que les produits israéliens disparaissent des magasins ou soient relégués au fond des bacs. A noter également que le CRIF a parlé de ce sujet à d’autres interlocuteurs du monde politique.

Le 20 juillet 2009, le président du CRIF attire l’attention de Michèle Alliot-Marie, Garde des sceaux, sur plusieurs actions qui ont été entreprises afin de boycotter les produits israéliens, notamment dans des magasins de la chaîne Carrefour.

Par courrier en date du 24 septembre 2009, Albert Roche, président du CRIF Aquitaine alerte les services sur l’appel à rassemblement émanant d’un collectif lié à la mouvance pro-palestinienne, lequel invite les militants à se regrouper devant le stade Chaban Delmas, en appelant au boycott d’Israël, à l’occasion du match de football Bordeaux – Maccabi Haïfa. Albert Roche est informé qu’un dispositif adapté a été organisé pour gérer les questions de sécurité qui se posent habituellement lors d’un match d’une telle envergure.

Le 16 septembre 2009, Richard Prasquier informe le Garde des sceaux que, devant l’entrée de la Maison des Associations d’Orléans, qui a abrité une exposition présentée par l’association « Palestine 45 » (des 7 au 12 septembre 2009), il a été constaté la présence d’un panneau installé par « Palestine 45 », appelant au boycott de tous les produits israéliens. Or, « cette action est susceptible de constituer une infraction pénale au sens des articles Article 225-1 et suivants du Code Pénal, modifié par la Loi n°2006-340 du 23 mars 2006 – art. 13 JORF 24 mars 2006 », indique Richard Prasquier, qui adresse par ailleurs une lettre de protestation à Serge Grouard, député – maire d’Orléans.

Après que Sylvain Pastor, élu vert au Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, aurait, selon des propos rapportés par le journal Midi Libre du 28 septembre, traités des élus au sein de l’hémicycle régional de « collabo de l’Etat d’Israël », au sujet du projet d’installation de l’entreprise AGREXCO dans le port de Sète, le CRIF Languedoc-Roussillon « s’indigne avec force de la tenue de tels propos inadmissibles, suggérant un parallèle entre le gouvernement de Vichy et les élus de la République, mais aussi entre le IIIe Reich et l’Etat d’Israël. Le CRIF Languedoc-Roussillon déplore un tel amalgame de sinistre mémoire et demande à Monsieur Pastor de retirer les propos qui lui sont prêtés. »

Le 5 octobre, Richard Prasquier adresse un nouveau courrier pour protester contre le fait que, dernièrement, une vingtaine de militants ont retiré des rayons d’un Carrefour de Mulhouse des produits israéliens, avant de s’en débarrasser.

Le CRIF ne reste donc pas inactif face au tentatives de boycott des produits israéliens.

Marc Knobel

Notes :

1) La loi n°2006-340 du 23 mars 2006 – art. 13 JORF 24 mars 2006 disposent que : « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

Constitue également une discrimination toute distinction opérée entre les personnes morales à raison de l’origine, du sexe, de la situation de famille, de l’apparence physique, du patronyme, de l’état de santé, du handicap, des caractéristiques génétiques, des moeurs, de l’orientation sexuelle, de l’âge, des opinions politiques, des activités syndicales, de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée des membres ou de certains membres de ces personnes morales. »

source : http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=16705&returnto=accueil/main&artyd=2 Article original/?page=articles_display/detail&aid=16705&returnto=accueil/main&artyd=2″>Article original

L’article 225-2 du Code Pénal dispose également que :
« La discrimination définie à l’article 225-1, commise à l’égard d’une personne physique ou morale, est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 Euros d’amende lorsqu’elle consiste :
1° A refuser la fourniture d’un bien ou d’un service ;
2° A entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque ;
3° A refuser d’embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne ;
4° A subordonner la fourniture d’un bien ou d’un service à une condition fondée sur l’un des éléments visés à l’article 225-1 ;
5° A subordonner une offre d’emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une condition fondée sur l’un des éléments visés à l’article 225-1 ;
6° A refuser d’accepter une personne à l’un des stages visés par le 2° de l’article L. 412-8 du code de la sécurité sociale.
Lorsque le refus discriminatoire prévu au 1° est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 Euros d’amende. »
2) Voir à ce sujet Témoignage chrétien (24 septembre 2009, p.9).

Photo : © 2009 Alain Azria

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