LONDRES — Julian Assange a quitté sa prison pour gagner un manoir de la campagne anglaise jeudi soir, après le versement de la caution exigée pour sa libération conditionnelle par un tribunal où il a remporté une première victoire dans la longue bataille contre son extradition en Suède. »J’espère poursuivre mon travail et prouver mon innocence », a proclamé le fondateur de WikiLeaks à la nuit tombée, lors d’une brève apparition devant une foule des journalistes massés devant la Haute Cour de justice de Londres.

La Haute Cour avait confirmé cinq heures auparavant la mesure d’élargissement ordonnée par un tribunal de première instance mardi, mais aussitôt contestée par le parquet britannique, en sa qualité de représentant des intérêts de la justice suédoise. Celle-ci est à l’origine du mandat d’arrêt contre le fondateur de WikiLeaks, soupçonné de violences sexuelles en Suède.

« C’est génial d’humer l’air frais de Londres », a plaisanté l’Australien de 39 ans, à propos de son séjour forcé depuis le 7 décembre en prison, y compris dans une « cellule d’isolement d’une geôle victorienne ».

Il a remercié « tous ceux qui, de par le monde, ont foi en moi », ceux qui ont donné de l’argent « malgré les grandes difficultés », les journalistes « qui ne sont pas tous sous influence », ainsi que le système légal britannique qui prouve que « la justice n’est pas encore morte ».

« Julian, Julian, dehors, dehors, dehors », ont scandé une vingtaine de partisans dont bon nombre portait un bâillon aux couleurs du drapeau américain. « Condamner des crimes de guerre n’est pas un crime », proclamait une pancarte, faisant allusion à la diffusion par WikiLeaks de documents militaires et diplomatiques américains, ces derniers mois.

A ce propos John Pilger, un journaliste et militant des droits de l’homme australien, a repris à son compte les insinuations des avocats de M. Assange selon lesquelles « le grand non-dit » dans l’affaire en cours était –par delà une extradition en Suède– la menace d’une extradition vers les Etats-Unis, où M. Assange aurait à répondre des révélations de WikiLeaks.

L’Australien s’est d’ailleurs dit « inquiet » d’une éventuelle extradition vers ce pays. « Nous avons eu vent d’une rumeur aujourd’hui rapportée par mon avocat aux Etats-Unis, une rumeur qui n’a pas été confirmée mais selon laquelle j’ai été inculpé aux Etats-Unis », a-t-il déclaré peu après avoir quitté le tribunal.
Sa libération jeudi a été retardée en raison des difficultés à rassembler les 240.000 livres (283.000 euros) de la caution. Plusieurs personnalités, dont le réalisateur américain Michael Moore et le cinéaste britannique Ken Loach, ont mis la main à la poche.

A la mi-journée, le juge Duncan Ouselay avait motivé sa décision de libération par le fait que le prévenu ne cherchait d’évidence pas « à se soustraire à un interrogatoire et à des poursuites ».

Plusieurs conditions ont été imposées à M. Assange: vivre en résidence surveillée dans un manoir cossu à 200 km de Londres, porter un bracelet électronique, donner son passeport, respecter un couvre-feu et se présenter chaque jour au commissariat de police local le plus proche. « L’assignation dans un manoir », selon le bon mot d’un de ses avocats, inclura un accès à internet, selon un porte-parole de WikiLeaks.

M. Assange avait déjà tenté deux fois d’obtenir sa libération: la première après sa reddition à la police le 7 décembre, la seconde mardi.
Jeudi, il a quitté le tribunal sous la neige, dans la Land Rover blindée d’un ami qui devait le conduire vers sa résidence forcée pour Noël et sans doute de longs mois, en raison de la multiplicité des appels et recours attendus dans le cadre de la procédure d’extradition.

Le prochain rendez-vous devant la justice est fixé au 11 janvier, quand sera décidée la date du jugement d’extradition.

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