La couverture du dernier numéro de Charlie Hebdo n’a rien de répréhensible. Elle est touchante et courageuse, affirme Hussein Ibish sur le site libanais Now Lebanon.

« On pourrait penser que les gens auraient la décence de laisser courir. On pourrait vraiment le croire. Mais alors que le sang de ceux qui étaient le coeur du journal est encore humide sur le sol, le magazine satirique français Charlie Hebdo se heurte comme toujours à la piété et à la morale », se désole l’éditorialiste Hussein Ibish dans Now Lebanon, l’un des seuls médias du Moyen-Orient à avoir publié la dernière une de Charlie.

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Rire interreligieux – Dessin de Ballaman, Suisse

Pour ce chercheur de l’American Task Force on Palestine, la dernière couverture de Charlie, celle où l’on peut lire « Tout est pardonné », est sans doute l’une des meilleures de l’hebdomadaire. Loin de la puérilité et de la méchanceté délibérée dont le journal a parfois fait preuve, elle montre un état d’esprit magnanime et des journalistes qui gardent la tête haute, affirme-t-il.

Et pendant ce temps, la colère gronde contre le journal. Un mouvement qui n’a pas lieu d’être, pour l’auteur. Il n’y a pas de raison de se sentir offensé, ennuyé ou en colère. Et il s’explique longuement. D’abord, il n’y a pas de consensus sur l’interdiction de représenter le prophète. Il y a eu par le passé des milliers de représentations de Mahomet faites par des musulmans pieux et respectueux.

Générosité

Ensuite, de nombreux commentaires, à la suite du massacre dans les bureaux de Charlie, ont souligné le fait que le problème ne venait pas tant des représentations du prophète que du fait qu’elles étaient perçues comme insultantes. Or, « il serait très difficile de soutenir que cette nouvelle couverture est irrespectueuse, si l’on suppose qu’elle représente réellement le prophète. Si c’est lui, il est montré (et ce n’est pas la première fois dans ce journal) comme plus humain et décent que nombre de ses fidèles, et particulièrement les extrémistes violents. Cette couverture n’est clairement pas irrespectueuse, elle tout simplement généreuse ».

Par ailleurs, dit-il, il n’y a rien dans cette image qui l’identifie de façon certaine comme une représentation du prophète Mahomet. « Dans un certain sens, pour ceux qui se sentent offensés, elle constitue un piège. S’il y a blasphème, c’est celui qu’y mettent les lecteurs qui insistent pour voir cette image sous l’angle le plus répréhensible qui soit ».

Désapprouvez autant que vous voulez

Et puis que fallait-il faire ? s’interroge l’auteur. Si Charlie Hebdo avait annoncé qu’il ne publierait plus jamais un dessin pouvant être pris pour l’image du prophète, les terroristes auraient simplement gagné. Bien sûr que les musulmans qui désapprouvent sont libres de le faire. Qu’ils désapprouvent tant qu’ils le veulent. Les publications, qui, à l’instar du New York Times, n’ont pas voulu publier des caricatures exercent elles aussi leur liberté d’expression. C’est ce même choix, celui de la liberté d’expression, qu’a fait Charlie.

« A la fin, il ne peut y avoir de liberté de parole, ni de conscience, ni de religion, s’il n’y a pas la liberté de blasphémer, d’être iconoclaste et irrévérencieux envers la foi », affirme-t-il. Tous les musulmans, en France et ailleurs, ne se sentent pas insultés par cette une, conclut-il. « Certains la trouvent émouvante, touchante, une réaction tout à fait appropriée à un crime et une tragédie terrible ».

Courrier international | Virginie Lepetit

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Ted

Rien à dire de plus, meme si je suis annuyant… JE SUIS CHARLIE!