Affaire Nisman: la présidente argentine annonce la réforme des services secrets

« La dissolution du SI est une dette de la démocratie et je dois m’attacher à cette réforme » (Kirchner)

La présidente argentine Cristina Kirchner annonce à la télévision, le 26 janvier 2015 à Buenos Aires, qu'elle va dissoudre le principal service de renseignement du pays ( - - (Présidence argentine/AFP) )
La présidente argentine Cristina Kirchner annonce à la télévision, le 26 janvier 2015 à Buenos Aires, qu’elle va dissoudre le principal service de renseignement du pays ( – – (Présidence argentine/AFP) )« – – (Présidence argentine/AFP) »
 

La présidente argentine Cristina Kirchner a annoncé une profonde réforme des services de renseignement, dont elle dénonce le rôle dans la mort du procureur Alberto Nisman, alors que l’enquête piétine.

Lors d’une intervention télévisée, elle a annoncé la dissolution du SI, le principal service de renseignement d’Argentine, et son remplacement par l’Agence fédérale du renseignement.

Accusée mi-janvier par le procureur disparu dans de mystérieuses circonstances d’avoir entravé l’enquête sur l’attentat de la mutuelle juive AMIA (85 morts en 1994), Mme Kirchner s’exprimait pour la première fois à la télévision depuis le début de l’affaire Nisman, qui a causé un grand émoi en Argentine.

Pour de nombreux Argentins et l’opposition, le gouvernement est derrière la mort du procureur, le 18 janvier, éliminé selon eux par peur des révélations qu’il devait faire au Congrès, le lendemain.

« La dissolution du SI est une dette de la démocratie et je dois m’attacher à cette réforme. Nous avons assisté à une sorte de manège permanent de procureurs, de juges, de médias, qui a été mis à nu et qu’il faut couper à la racine », a déclaré Mme Kirchner, vêtue de blanc, assise dans un fauteuil roulant, en raison d’une fracture à une jambe.

En décembre, Cristina Kirchner avait congédié les trois principaux dirigeants du SI, soupçonnés de fuites et de manque de loyauté, un séisme dans le monde du renseignement.

Jeudi, elle a douté du suicide du procureur après que le gouvernement eu privilégié cette thèse, et dénoncé un complot d’anciens agents du SI. « Le suicide (j’en suis convaincue) n’a pas été un suicide (…) Ils l’ont utilisé vivant et ensuite, ils avaient besoin de lui, mort. C’est triste et terrible », a-t-elle écrit.

Pas un seul condamné, ni un seul détenu

Pour les attentats visant l’ambassade d’Israël en 1992 et la mutuelle juive AMIA en 1994, « plus de 20 ans après, il n’y a pas un seul condamné, ni un seul détenu », a déploré la présidente.

« Nous voulons une enquête en profondeur sur la mort de Nisman; il emporte avec lui de nombreuses informations sur le dossier AMIA », a dit à l’AFP Ariel Cohen, membre du directoire de l’AMIA.

Le magistrat, en charge depuis 10 ans de l’enquête sur l’attentat de la mutuelle juive AMIA en 1994, a été retrouvé mort dimanche dans son appartement de Buenos Aires.

Lundi, un proche collaborateur a été inculpé par la procureure Viviana Fein pour avoir remis au magistrat l’arme qui a causé sa mort.

Les premiers éléments de l’enquête suggèrent que le procureur s’est donné la mort avec un pistolet de calibre 22 mais l’absence de résidus de poudre sur les mains de Nisman a semé le doute et l’opinion publique croit à un assassinat.

Diego Lagormasino, informaticien de 35 ans, qui travaillait pour le procureur depuis 2007, a reconnu avoir prêté le samedi 17 janvier son arme personnelle au procureur, ce qui constitue un délit, sans plus de lien avec la mort du procureur, le dimanche.

La présidente argentine Cristina Kirchner annonce à la télévision, le 26 janvier 2015 à Buenos Aires, qu'elle va dissoudre le principal service de renseignement du pays ( - - (AFP) )
La présidente argentine Cristina Kirchner annonce à la télévision, le 26 janvier 2015 à Buenos Aires, qu’elle va dissoudre le principal service de renseignement du pays ( – – (AFP) )« – – (AFP) »
 

D’après l’enquête, il est la dernière personne à avoir vu Alberto Nisman en vie.

Le 19 juillet, Alberto Nisman devait s’exprimer devant le parlement et argumenter son accusation, accablante pour le pouvoir selon les détracteurs de Mme Kirchner, un dossier vide selon les pro-Kirchner.

Le 14 janvier, Alberto Nisman avait accusé le gouvernement de protéger l’Iran de toute mise en cause dans l’enquête sur l’attentat de l’AMIA, pour mieux négocier des contrats commerciaux.

La justice argentine soupçonne de hauts responsables iraniens d’être les commanditaires de l’attentat de l’AMIA, mais n’a jamais pu obtenir leur extradition, réclamée depuis 2006.

En 2013, Téhéran et Buenos Aires ont conclu un memorandum prévoyant la création d’une commission d’enquête et l’audition des dirigeants iraniens à Téhéran, un accord très critiqué par la communauté juive et l’opposition.

Lundi soir pendant le discours de Mme Kirchner, environ 200 personnes ont réclamé « Justice pour Nisman » devant le palais présidentiel à Buenos Aires.

AFP

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