(Voilà ce que nous écrivions, le 5 janvier dernier : ) Abdullah bin Abdulaziz, 91 ans, le monarque saoudien qui a travaillé sans relâche pour entraîner son royaume ultraconservateur et rigide vers les temps modernes, était gravement malade et prêt, selon les sources de Debkafile, à abdiquer.

Il cède les rênes du gouvernement de la plus grande nation exportatrice de pétrole à deux successeurs potentiels. Pleinement conscient de sa santé défaillante, Abdallah a passé l’année dernière à tenter d’organiser une succession en bon ordre, afin de maintenir la stabilité du régime. Il avait préparé son demi-frère, le Prince héritier Salman, 78 ans, à s’assoir sur le trône. Cependant, parce qu’on pense qu’il souffre de démennce, c’est, en réalité, le prince héritier suivant, Muqirin, 69-70 ans, qui dirigera en pratique le royaume. L’annonce de son abdication a été encore reportée à cause de disputes princières, qui provoquent une crise politique que le roi malade a tout fait pour éviter.

Coïncidant avec les nouvelles d’un changement imminent, trois garde-frontières saoudiens, y compris le Général Odah al-Balawi, Commandant les régiments des Gardes-Frontières du Nord du royaume, ont été tués lundi 5 janvier par des terroristes de l’Etat Islamique. Deux étaient munis de ceintures d’explosifs, et ont tenté de s’infiltrer dans le royaume. Les assaillants, apparemment dûment renseignés par des informations précises sur les mouvements du Général, l’ont piégé dans une embuscade. Quatre attaquants de l’EI ont été tués au cours de ces heurts, dont deux par attentat-suicide.

Cet incident souligne l’un des dangers qui assaille le royaume pétrolier, à savoir l’Etat Islamique doté d’un avantage en matière de renseignements tactiques locaux.

Selon des sources émanant du Golfe, le Roi étaient gravement atteint d’un cancer des poumons. Deux spécialistes américains se sont précipités à son chevet pour tenter de le soigner.

En mars 2014, il s’est arrangé pour promouvoir le Prince Muqrin à la troisième place des prétendants au trône, face aux factions rivales de la Maison Royale. Mais, plus tôt, en mai 2013, il a élevé son propre fils, Muteb bin Abdullah, 62 ans, au rang de Ministre de la puissante Garde Nationale. Le Roi a aussi bloqué le chemin au fils du Prince Salman, Mohammad, qui voulait accéder au rang de Vice-Ministre de la Défense, ce qui aurait constitué un tremplin vers le sommet, dès que son père aurait accédé au trône…

Le prince héritier Salmane, âgé de 77 ans lui succède et son frère, Moqren est désigné nouvel héritier

V. Breschi/J. Storey (AFP)V. Breschi/J. Storey (AFP)« Fiche-biographique du roi d’Arabie, Abdallah et de Salmane, prince héritier « 

 

 

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite est mort vendredi et le prince Salmane lui succède sur le trône, a annoncé le palais royal dans un communiqué.

Moqren, demi-frère d’Abdallah, a été nommé prince héritier, selon le même communiqué.

Souffrant d’une pneumonie, Abdallah, qui était âgé de 90 ans, avait été hospitalisé le 31 décembre dernier à Ryad. Son état de santé avait nécessité la mise en place d’un tube pour l’aider à respirer.

L’âge avancé du souverain et ses multiples hospitalisations, alimentaient régulièrement les rumeurs sur l’avenir de la gestion du royaume saoudien, puissance pétrolière mondiale et acteur-clé dans la politique au Moyen-Orient.

Il sera enterré cet après-midi, après les prières.

Son demi-frère Salmane, âgé de 77 ans et qui avait été nommé prince héritier en juin 2012, lui succède sur le trône.

Lire aussi: « Le Royaume gériatrique » sous la menace de l’Iran et de l’État islamique

Moqren, un autre demi-frère d’Abdallah, a été nommé prince héritier. Né en 1945, il est le plus jeune fils de Abdelaziz al-Saoud, le fondateur de l’Arabie saoudite.

Depuis le décès de ce dernier en 1952, le trône a été occupé successivement par plusieurs de ses fils.

Le roi Abdallah, décédé vendredi, a accédé au trône à la mort, en août 2005, de son demi-frère Fahd, mais il dirigeait de facto le royaume depuis 1995.

Ces derniers temps, ses apparitions publiques étaient devenues de plus en plus rares, et il se faisait régulièrement représenter par le prince héritier, Salmane Ben Abdel Aziz, comme lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) début décembre au Qatar. Le prince Salmane cumulait également les fonctions de ministre de la Défense depuis octobre 2011.

Hommages

Le président américain a rendu hommage au roi Abdallah d’Arabie saoudite, peu après l’annonce de sa mort, saluant un ami précieux et un dirigeant « sincère » ayant pris des décisions courageuses dans le processus de paix au Moyen-Orient.

« Il a toujours été un dirigeant sincère ayant le courage de ses convictions », a déclaré Barack Obama dans un communiqué, décrivant « une véritable amitié chaleureuse » avec le roi.

« Nos pays ont travaillé ensemble à relever de nombreux défis et j’ai toujours estimé les points de vue du roi Abdallah et apprécié notre amitié véritable et chaleureuse », a-t-il ajouté, saluant « les décisions courageuses » du dirigeant dans le cadre de l’Initiative de paix arabe pour résoudre le conflit israélo-arabe.​

Lors de son règne de dix ans sur le royaume pétrolier, l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis sont restés des alliés politiques et économiques.

« Il était convaincu que la relation saoudo-américaine était importante pour la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient et bien au-delà », a encore dit Barack Obama qui avait rencontré par deux fois le monarque.

Le vice-président Jo Biden représentera les Etats-Unis aux funérailles.

Le président français François Hollande a lui aussi rendu hommage à Abdallah, saluant « la mémoire d’un homme d’État dont l’action a profondément marqué l’histoire de son pays et dont la vision d’une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d’actualité ».

« Le chef de l’État présente ses sincères condoléances au peuple saoudien et exprime son attachement à l’amitié entre la France et le Royaume d’Arabie saoudite, à laquelle le roi Abdallah bin Abdelaziz Al Saoud a oeuvré tout au long de son règne », conclut le communiqué.

Le roi qui a préservé l’Arabie des tempêtes arabes

Le roi Abdallah a gardé la première puissance pétrolière mondiale à l’abri des crises du monde arabe, mais a déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la place de la femme dans la société.

De fait, Abdallah s’est souvent trouvé tiraillé entre les ailes libérale et conservatrice de la famille royale, ce qui a certainement paralysé son action.

Le pieux Abdallah, qui s’est forgé une réputation de probité face à d’autres membres de la famille royale accusés de corruption, était « le roi le plus aimé en Arabie saoudite depuis Fayçal », assassiné en 1975, selon un diplomate occidental.

Face à la montée en puissance du groupe État islamique (EI) en Syrie et en Irak, l’Arabie saoudite, qui abrite les deux premiers lieux saints de l’islam, a rejoint la coalition internationale et participé aux raids contre ces djihadistes actifs aux portes du royaume.

Durcissant son discours contre l’islam radical, Abdallah avait averti que les pays occidentaux seraient la prochaine cible des djihadistes: « Si on les néglige, je suis sûr qu’ils parviendront au bout d’un mois en Europe, et un mois plus tard en Amérique ».

Manne pétrolière contre paix sociale

Simultanément, le royaume, premier exportateur mondial de brut, a joué à fond la carte pétrolière pour défendre sa part de marché, menacée selon lui par l’essor du pétrole de schiste, notamment américain. Sous l’influence d’Abdallah, l’Opep s’est abstenue de réduire son offre malgré la chute des cours.

Au plan interne, le roi a engagé un prudent processus de réformes en tentant de concilier les positions d’un establishment religieux ultraconservateur et celles d’une frange libérale de la population avide de modernisation.

Saul Loeb (AFP)
Saul Loeb (AFP)« Le président américain Barack Obama (g) et le roi Abdallah d’Arabie saoudite à Rawdat Khurayim, au nord-est de Ryad le 28 mars 2014 »
 

En 2005, il a organisé les premières élections municipales partielles et accordé aux femmes le droit de vote au prochain scrutin de 2015, même si celles-ci ne peuvent toujours pas conduire.

Abdallah a aussi allégé l’emprise de la puissante police religieuse et introduit des réformes dans le secteur de l’éducation. Il a inauguré en 2009 la King Abdullah University of Science and Technology, le premier établissement mixte du pays.

Mais le mélange des sexes reste interdit en dehors du cadre familial.

Abdallah a surtout su protéger son pays de la tempête qui a soufflé en 2011 sur le monde arabe. Puisant dans les importantes réserves financières du pays pour satisfaire la population, il a consacré plus de 36 milliards de dollars à la création d’emplois, la construction d’unités de logement et aux aides aux chômeurs.

Malgré la chute des cours pétroliers, le roi a ordonné de maintenir le rythme des dépenses dans le budget 2015 pour préserver la paix sociale.

Défenseur de l’ordre établi dans le monde arabe, le royaume a accueilli le président tunisien Zine Al Abidine Ben Ali, premier autocrate arabe à être chassé du pouvoir par la rue en janvier 2011, et n’a pas applaudi au renversement du président égyptien Hosni Moubarak le mois suivant.

« Couper la tête du serpent »

Il a ensuite ouvertement soutenu le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi après la destitution en 2013 de son prédécesseur Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, classé groupe terroriste par Ryad.

Sur l’échiquier régional, le roi fut l’initiateur du seul plan de paix global arabe au Proche-Orient, rejeté par Israël, comme il a tenté par ailleurs de contrer les ambitions de l’Iran chiite.

Les fuites de WikiLeaks révèlent un homme qui ne mâche pas ses mots. En parlant de l’Iran, il recommande aux États-Unis de « couper la tête du serpent » pour détruire son programme nucléaire.

Allié des États-Unis, il n’a pas non plus hésité à les critiquer, comme en 2007 lorsqu’il avait évoqué «l’occupation illégitime» de l’Irak par leurs troupes.

Né à Ryad, Abdallah est le 13e fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume. Il était proche des tribus qui fournissaient les recrues de la Garde nationale, cette « armée blanche » qu’il avait dirigée avant d’en confier les rênes à son fils Mitaab.

Le feu roi aimait se mêler à ses troupes et on l’a vu danser souvent avec les hommes de la Garde nationale, un drapeau saoudien sur l’épaule et une épée à la main, au rythme de la « Arda », sorte de chant de ralliement à la dynastie des Al-Saoud.

Bâtisseur de Ryad

 

Yasser Al-Zayyat (AFP)
Yasser Al-Zayyat (AFP)« Le prince Salmane ben Abdel Aziz assiste au sommet des monarchies pétrolières du Golfe, le 10 décembre 2013 à Koweït »
 

Né à Ryad le 31 décembre 1935, le princea été gouverneur de la capitale pendant près de 50 ans, la plupart des provinces saoudiennes ayant à leur tête des membres de la famille royale avec rang de ministre.

« Ce poste lui a donné de l’expérience et il a supervisé l’émergence de Ryad comme capitale », souligne Eleanor Gillespie dans la Gulf States Newsletter basée à Londres.

Il est considéré comme l’artisan du développement de cette cité bâtie en plein désert par la dynastie des Al-Saoud pour en faire une ville moderne.

Mais son poste lui a surtout donné l’opportunité de « jouer le rôle d’arbitre très respecté des affaires de la famille Al-Saoud », ajoute Mme Gillespie.

Jane Kinninmont, experte à Chatham House à Londres, précise que Salmane est « considéré comme relativement libéral » et pourrait à ce titre « adopter une approche plus réformatrice, mais dans le cadre des limitations et des lignes rouges du système ».

Selon elle, il pourrait notamment avoir une attitude « plus constructive à l’égard de l’instabilité dans la région que le prince Nayef a toujours considéré comme le résultat des ingérences iraniennes plutôt que de l’expression de revendications locales ».

Le prince Salmane est le 25e fils du roi Abdel Aziz, fondateur du royaume, et fait partie du clan des Soudaïri, les sept fils d’une même mère, Hassa bint Ahmad al-Soudaïri, favorite du roi. Parmi ses frères figuraient le roi Fahd et les princes Nayef et Sultan, tous trois décédés.

Salmane souffre de problèmes de santé et a notamment été opéré en 2010 d’une hernie discale.

Marié à trois reprises, le prince Salmane a 10 fils encore en vie, dont le plus connu est le prince astronaute Sultan Ben Salmane, seul Saoudien à avoir fait partie d’une mission dans l’espace et qui préside actuellement la commission pour le Tourisme et les Antiquités. Un autre d’entre eux, le prince Abdel Aziz, est ministre adjoint du Pétrole.

i24news avec AFP

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Daniel

Moi, ça m’éclate lorsque je lis que ce roi était presque avant-gardiste dans ses idées. Et puis ce tralala plein de componction pour décrire un tribu de bédouins arriérés qui ont eu la chance de trouver du pétrole sous leurs pieds.