Gen. Charles de Gaulle, foreground wearing hat, leads a victory parade down the Champs Elysee in Paris, France, Aug. 31, 1944. De Gaulle talks with Gen. Jacques le Clerc, left, in the march to celebrate the Allied liberation of Paris from German forces in World War II. (AP Photo)

Ce jeudi 25 Août 2016, Paris célèbre le 72 ème anniversaire de sa Libération. Pour l’occasion, une cérémonie républicaine sera donnée, avant une prise d’armes et projections d’images d’époque sur le Parvis de l’Hôtel de Ville ! 

Le 25 Août 1944, Paris était libéré du gouvernement de l’Allemagne nazie. 72 ans plus tard, Paris salue encore et toujours la mémoire et le courage de celles et ceux qui « hier comme aujourd’hui, ici et ailleurs, combattent pour la Paix, la Liberté et les Droits de l’Homme. »

 

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La Libération de Paris par RollingPat

 

Nous sommes en août 1944. Deux mois et demi après avoir débarqué en Normandie, les forces alliées arrivent aux portes de la capitale. Le 19 août, au lendemain d’un appel à la mobilisation proclamé par le colonel Rol-Tanguy, les premiers combats des résistants contre l’occupant nazi ébranlent les rues de Paris. Des mairies, des sièges de journaux, la préfecture de police puis l’Hôtel de Ville sont pris d’assaut.

Le 25 août, la 2e division blindée du général Leclerc, après avoir combattu l’armée allemande en banlieue sud, et grâce au soutien de l’armée américaine, franchit la porte d’Orléans, pour entrer dans Paris. Peu après, le général allemand Von Choltitz, commandant du Grand Paris, signe la capitulation tandis que le général de Gaulle pose le pied à la gare Montparnasse pour défiler devant une foule exaltée.

Pendant cette période intense, un homme de 45 ans, Robert Blancherie, écrit chaque jour à son épouse, Guite, un compte rendu de son quotidien dans Paris assailli et libéré. En juin, il a quitté femme et enfant pour monter à la capitale au départ de la DOrdogne, à vélo, dans le but de participer à cet événement historique.

Il y retrouve leur appartement dans le 14e arrondissement, mais ne parvient pas à entrer en contact avec ses compagnons de résistance, et désespère de recevoir un ordre pour lui-aussi se lancer dans la bataille. Ce polytechnicien, PDG d’une filiale de la CGE (Compagnie générale d’électricité), membre de l’OCM (Organisation civile et militaire) en relation avec le Réseau Résistance-fer de la SNCF, vivra finalement la libération de Paris en spectateur attentif et passionné, s’improvisant reporter.

Sa petite-fille, Anne Brunschwig, a livré au Monde.fr son journal de bord et ses photographies, dont voici une sélection.

Robert Blancherie, polytechnicien et résistant pendant la seconde guerre mondiale, PDG d'une filiale de la CGE (Compagnie générale d'électricité).

Robert Blancherie, polytechnicien et résistant pendant la seconde guerre mondiale, PDG d’une filiale de la CGE (Compagnie générale d’électricité). ANNE BRUNSCHWIG

 

Libération de Paris, 25 août 1944 : « Je viens de les voir. J’en ai les yeux pleins de larmes »

VENDREDI 18 AOÛT

« Mon aimée. Je t’écris à la lueur d’une lanterne, l’électricité qui nous avait été donné pendant un petit quart d’heure, que j’ai employé à prendre les nouvelles, vient d’être coupée. (…) Que te dire de mon existence personnelle ? Elle n’a aucune espèce d’intérêt, ni hélas, d’utilité dans les événements formidables que nous vivons. Je n’ai pas l’impression que les gens soient, comme moi, le cœur serré devant cette passivité générale. Ils ne paraissent pas souffrir de l’inaction, et se préparent à pavoiser. Je te parlerai bientôt de tout cela, mais en un mot, je n’ai pas eu de veine dans mes recherches [pour entrer en contact avec des résistants]. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

SAMEDI 19 AOÛT

13 h 45 : « Aujourd’hui, où je devrais être tout à la joie, où les drapeaux fleurissent sur les mairies, les hôpitaux, les écoles, et bien entendu, déjà quelques balcons, je pense à vous, dont je ne connais pas la situation exacte. Je pense bien que vous vous réjouissez de nous savoir délivrés ou sur le point de l’être. »

22 h 45 : « [Cet après-midi], des gens flânaient sur les trottoirs, à proximité de chez eux. Des camions allemands passaient de temps en temps, toutes armes dehors, braquées dans toutes les directions. Il faut convenir que ces guerriers paraissaient attentifs et décidés. (…) Depuis le balcon (…), on voyait des mouvements de foule, de badauds vers le carrefour Raspail-Montparnasse. Au passage des véhicules, tout le monde avançait, suivait une pétarade, tout le monde reculait, un peu plus vite. Il paraît qu’il y a eu du sang, boulevard Raspail (…). Il y a eu bagarre sur bagarre – du sang – des cadavres allemands laissés sur le terrain. Il semble que les gens de la Résistance aient encore une fois eu un objectif fallacieux : s’emparer des mairies, que personne ne défendait, s’y installer, avec un armement insuffisant – d’où, m’a-t-on dit, quelques drames (…). J’espère que les objectifs véritables – défense des points vitaux comme les centrales électriques, les centraux téléphoniques, les usines – ont été aussi tenus. On voit des fumées dans plusieurs directions. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

DIMANCHE 20 AOÛT

« Nuit agitée = bruits de fusillades et même de canonnades, puis orage très violent pendant de longues heures. Renseignement pris (…), les FFI sont toujours maîtresses de la préfecture de police après les batailles sanglantes. »

18 heures : « Mme Le Fol vient de m’apporter du pain, qu’elle a eu sans faire la queue vu que personne n’a plus de tickets [de rationnement] (…), et de me dire que l’armistice est vraiment signé – que les coups de feu qu’on entend sont de la poudre aux moineaux, et que les Américains sont à Clamart. »

Soir : « Au cours de ma randonnée d’avant dîner, j’ai vu ce spectacle fort réjouissant d’un camion allemand chargé de soldats, et sur l’aile duquel se trouvait un FFI. Il était suivi d’ailleurs d’une Citroën bourrée de gars de la Résistance. Je dois dire que c’est la première fois depuis ces jours troubles que j’ai senti mon cœur se gonfler d’une émotion qui était presque la joie de la délivrance. Je dois dire aussi (…) que c’est la première fois depuis quarante ans que j’éprouve, disons de la considération, car l’admiration serait tout de même excessive – pour les Allemands – sur leurs camions, en voiture, en moto ou en vélo, ils n’ont pas l’air traqués, mais prêts à se défendre, l’arme prête. »

LUNDI 21 AOÛT 

« [Selon des témoins], les Américains attendent l’arme au poing à Rambouillet le moment de filer sur Paris et s’astiquent pour être beaux. Je crois qu’il serait temps qu’ils arrivent. Je viens de prendre la radio pendant les vingt minutes de courant que j’ai eu. C’est vraiment un beau bilan ! Et les FFI libèrent Toulouse et (…) encerclent Limoges. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

MARDI 22 AOÛT

Après-midi : « Chose curieuse, mes informateurs introduits dans les milieux FFI ne savent rien, n’ont reçu aucune instruction et je reste tranquillement ici à lire, à travailler, dans le plus grand calme et avec une sérénité résignée (…). J’ai dîné chez les Robert, atmosphère un peu nerveuse, mais sans excès : Madou n’ose pas laisser sortir les enfants qui sont un peu comme des fauves en cage. Robert va à son bureau, un de ses ingénieurs a été blessé rue de Rome avec, hélas, son fils de 17 ans, qui est perdu. » 

22 heures : « En revenant à pied, par le boulevard Raspail, j’ai été doublé par trois tanks majestueux qui ne se sont pas occupés de moi ! Un peu plus tôt, on a entendu une canonnade et une fusillade intenses. Ont-ils été attaquer la mairie du 14e ?

Les barricades s’élèvent un peu partout aux points stratégiques. On va de plus en plus vers la bataille de rues organisée, localisée, me semble-t-il aux artères ou aux points importants. Mais cela fait mal de voir, comme je l’ai vu tout à l’heure, un gamin de 17 ou 18 ans se porter au coin de la rue Campagne-Première et du boulevard du Montparnasse avec, au poing, un Browning de poche qui doit porter à 5 mètres pour guetter les camions allemands. Or il ne circule plus maintenant comme véhicules allemands que des blindés ou des camions de patrouilles contenant une douzaine de soldats aux armes braquées dans toutes les directions. On a un peu pitié pour ces écervelés de gamins de FFI mais on est mitigé d’admiration pour leur courage. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

MERCREDI 23 AOÛT

3 h 30 : « Je suis maintenant éveillé par des explosions répétées, formidables, qui font trembler vitres et portes. »

22 h 45 : « Je suis allé à la CGE en passant par chez Marianne (…). J’y suis arrivé au moment où il venait d’y avoir une échauffourée dans laquelle la pauvre Simone s’était trouvée prise alors qu’elle allait chez son boucher. Elle s’était réfugiée dans une embrasure de porte d’où un FFI tirait à la mitraillette sur un camion qui passait !

De chez elle, j’ai pu voir flamber et fumer le Grand Palais. J’ai dû faire quelques détours pour parvenir à la CGE, où je suis arrivé, encore là, peu après une bagarre avenue Victor-Emmanuel et rue de la Boétie. (…) [Puis] nous avons écouté la radio sur accus, où nous avons eu la surprise d’apprendre par un communiqué spécial du général Koenig, s’il vous plaît, que Paris avait été libéré par les FFI ! Vu l’insistance avec laquelle ce communiqué a été répété, amplifié, ce n’est pas un simple canard, une erreur d’un speaker un peu pressé, c’est voulu – dans quel but ? »

JEUDI 24 AOÛT

11 heures : « Il est vrai que les journaux – car nous avons les journaux : Le Populaire, L’Humanité, Le Figaro, Libération, Combat, que sais-je encore ?, Ce soir, Témoignage chrétien, etc. – ont annoncé qu’il n’y avait plus de couvre-feu, mais comme les Fritz se promènent encore en blindés après l’heure qui, pour eux, est celle qui leur permet de tirer sans préavis sur tout ce qu’ils voient dans la rue, j’ai préféré rentrer. J’ai fait un dîner somptueux : œufs au plat (le dernier de chez Navarin), pommes de terre en robe de chambre au beurre frais (j’en avais touché 100 F hier), confitures, poire arrosé d’un Coursau 1939 très guilleret. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

22 heures : « Enfin, ça y est ! On ne s’est est même pas aperçu. Ils [la division Leclerc] sont entrés dans Paris. Cet après-midi, nous devions bridger à la CGE à 15 h 30, après mon conseil. Mais le secrétaire général de la CGE m’annonce de source quasi officielle que Leclerc allait faire son entrée à 16 h 30 par la porte d’Orléans ! Je file sans attendre et… il m’a été impossible de rentrer chez moi.

Il y avait paraît-il des voitures boches à la hauteur du garage Humblot et des hommes dans la rue Jean-Dolent – et cela tiraillait de toutes parts. J’ai essayé d’abord, par le haut, le bas ou le côté, chaque fois je me suis fait refouler par les combattants.

Assez curieux d’ailleurs ces combattants, livrés à eux-mêmes et mélangés à la population. (…) Le téléphone marche mal – aussi n’ai-je pu joindre Leuhedé qui habite à la porte d’Orléans pour savoir si oui ou non ils arrivaient. Madou m’a téléphoné que (…) 500 tanks français venaient d’arriver place Valhuvert. Puis le courant venant de nous être donné, la radio de la tour Eiffel a annoncé qu’il y en avait à l’Hôtel de Ville, d’autres à la porte des Peupliers. Mais le canon sonne toujours. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

« Je ne t’ai pas dit que j’avais vu aujourd’hui les barricades, rue Mouton-Duvernet, rue Froidevaux, au débouché de l’avenue du Maine, rue de Vanves, rue de l’Ouest, une énorme à laquelle travaillaient femmes, vieux et gosses au carrefour Sèvres-Montparnasse où l’on arrachait les pavés, abattait les arbres, semait des tessons de bouteilles sur la chaussée – un mélange touchant d’enfantillages et de résolution. En tout cas, ces barricades étaient le moyen efficace de gêner les déplacements des patrouilles motorisées allemandes.

» Il y a eu dans ce soulèvement de Paris opéré progressivement quelque chose de pas tout à fait satisfaisant. Il semble bien qu’un ordre général aurait permis d’obtenir un résultat plus réel et plus rapide. Pourquoi n’a-t-il pas été donné ? Pourquoi une partie de la Résistance [la sienne, l’OCM (organisation civile et militaire) affiliée à l’AS (armée secrète)] n’a-t-elle pas été lancée dans la bagarre ? Et tout le monde s’y serait jeté résolument, si des ordres clairs avaient été donnés. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

VENDREDI 25 AOÛT

9 h 30 : « Mon amour, mes trésors, je viens de les voir. J’en ai encore le cœur tout gros et les yeux pleins de larmes. Et ce sont les Français que j’ai vus. Leurs chars ou leurs autres mitrailleurs s’appellent Montmartre, Porte-d’Orléans. Un peu avant 8 heures, j’ai entendu une rumeur et des bruits de moteurs. Je me suis précipité et ai pu les voir remonter le boulevard Saint-Jacques.

Un peu plus tard, muni cette fois de mon appareil photo, je les ai vus place Denfert. La foule spontanément rassemblée était délirante. Les chars pouvaient à peine passer. Tout le monde regrettait de n’avoir pas de fleurs à leur lancer. Ils en avaient déjà, d’ailleurs. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

« Mon amour, que je suis désolé de ne pas t’avoir près de moi, de ne pas avoir quelqu’un à embrasser en pleurant de joie. Il en est passé pendant une heure et je les ai accompagnés à bécane jusqu’à l’Observatoire – chose curieuse, ils obliquaient à droite par le boulevard de Port-Royal – sans doute le boulevard Saint-Michel est-il toujours barré.

Ensuite, j’ai poursuivi (…) jusqu’au square [Delambre], où j’ai trouvé des gens mal réveillés ; la DP [Défense passive]les avait fait descendre à la cave la nuit dernière sous prétexte que le Sénat allait sauter, et personne ne les avait avertis que les Français défilaient (…). Et maintenant, on tiraille sans arrêt, à la poursuite de tireurs isolés qui des fenêtres ou les toits lâchent quelques balles de temps en temps. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

SAMEDI 26 AOÛT

« Je suis parti vers 4 h 30 sur l’annonce que l’aviation allait venir et qu’il fallait descendre aux abris. Sur mon chemin, même atmosphère de mitraillades et de recherches des tirailleurs – puis chars ou autres des troupes françaises ou Américains ou même Anglais, entourés de badauds, questionnant, bavardant, échangeant des cigarettes. »

 

Pendant la Libération de Paris, août 1944.
Pendant la Libération de Paris, août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

« Au retour, (…) j’ai dû faire un nombre considérable de détours avant de parvenir chez Madou – et j’ai raté le cliché de ma vie en arrivant quelques secondes trop tard pour saisir le passage des prisonniers boches du Sénat et de Montaigne, emmenés sur des chars français.

Entre-temps, en effet, la capitulation du Sénat et des autres centres où la Résistance était intervenue. (…) Surtout, portez-vous bien, ne vous tracassez pas (…), je vais bientôt arriver n’ayant rien su faire d’autre, en somme, que tenir mon “journal d’un bourgeois de Paris”, pendant cette période historique ! »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

23 heures : « La guerre n’est pas finie, nous sortons d’une attaque aérienne assez brève mais violente et qui m’a fait peur, je l’avoue. (…) Je viens de monter sur la terrasse d’où l’on voit trois incendies, (…) grosso modo [vers] Hôtel de Ville, où le foyer est très étendu et l’incendie très violent, la gare d’Austerlitz et la place d’Italie.

Maintenant, ce sont de sèches détonations de revolver qui claquent aux environs, encore des “salopards” qui tirent des toits ou des mansardes. Sur quoi, sur qui ? A cette heure-ci ? C’est une entreprise de démoralisation sans but réel de destruction, je pense. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

« Avant cette fin de journée, il y avait eu une après-midi assez mouvementée. De Gaulle devait aller à l’Etoile, descendre les Champs-Elysée, Concorde, Rivoli, Hôtel de Ville et Notre-Dame. J’avais donc été place de la Concorde, j’avais pu me glisser au premier rang avec un appareil, ayant l’avenue des Champs-Elysées en enfilade. J’ai vu de Gaulle à pied au milieu d’une foire de civils. J’espère que je l’ai pris en photo, (…), j’ai été surpris de le voir ainsi, je m’attendais à plus de décorum. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.
Pendant la libération de Paris, en août 1944. ROBERT BLANCHERIE/MUSÉE DU GÉNÉRAL LECLERC ET DE LA LIBÉRATION DE PARIS/MUSÉE JEAN MOULIN

« Donc tout était fini (…), quand des gens ont commencé à bouger, ayant entendu des coups de feu venant du ministère de la marine ou des environs. La panique s’est accélérée en incendie en même temps que les tanks qui garnissaient la place se mettaient à tirer avec leurs mitrailleurs sur les façades du Crillon et de la Marine. Les gens se couchaient les uns sur les autres le long des murs, derrière les tanks. C’était affreux et humiliant. »

 

Pendant la Libération de Paris, en août 1944.

DIMANCHE 27 AOÛT

Midi et quart : « Après déjeuner, encore un petit mot pour te dire la délicieuse tranquillité de ce chaud après-midi ensoleillé. Et dire que dans deux heures, sans doute, la fusillade crépitera de nouveau ! Je viens même au moment où je trace ces mots d’entendre un claquement. On commence à se demander si ces salopards de Boches n’avaient pas réellement creusé une termitière sous Paris qui leur permet de se cacher et de réapparaître aux endroits les plus variés.

Hier, c’est vraiment dans tout Paris que les coups de feu sont partis. Ce serait bien un procédé boche que cette reddition prématurée suivie maintenant d’un harcèlement énervant sinon coûteux. Cela nous promet encore de beaux jours (…) ! »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.

Soir : « Réunion (…) où je suis arrivé fort tard, assez tôt pourtant pour voir passer une colonne américaine qui arrivait par le boulevard Saint-Michel. Dîner chez les parents, très bon avec des tomates magnifiques, nos pâtes CGE très belles et mon beefsteak, petite presque crème au chocolat.

Malheureusement arrosé à l’eau. Je veux t’attendre pour boire du champagne, et manger le dernier confit et le dernier rouleau de foie gras. Actuellement, j’écoute la radio en guettant anxieusement le moment où j’apprendrai que toute la zone entre Paris et Dordogne est nettoyée pour partir vers vous. »

 

Pendant la libération de Paris, en août 1944.


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